Forte tension entre Prague et Vienne
Des milliers d'Autrichiens signent une pétition appelant à un référendum contre la centrale nucléaire tchèque de Temelin. Une autre polémique vient d'éclater, pourtant. Alain Slivinsky.
On ne pouvait penser que le gouvernement tchèque ne réagirait pas à cette initiative du Parti libéral autrichien, le FPÖ. En effet, les observateurs sont d'accords sur le fait que la pétition appelant à organiser un référendum contre la centrale nucléaire de Temelin, en Bohême du sud, appelle, en vérité, à boycotter l'entrée de la République tchèque à l'Union européenne. C'est aussi ce qu'a déclaré le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, dans une intervention à la Radio tchèque, lundi. Il a encore ajouté : « Plus vite l'Autriche se débarrassera de Haider et de son parti post-fasciste, mieux cela vaudra ». Une déclaration qui a suscité une violente protestation de la part de la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, la qualifiant d'ingérence dans les affaires intérieures de son pays. Des consultations ont eu lieu entre les diplomates des deux pays, l'ambassadeur tchèque à Vienne, Jiri Grusa ayant été invité au siège de la diplomatie autrichienne. Pas de note officielle, donc pas de réponse officielle du gouvernement tchèque, selon le porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères, Ales Pospisil. Le Premier ministre, Milos Zeman, a continué sa critique de Jörg Haider, dans le quotidien économique Hospodarske noviny, de mardi, en déclarant : « Je considère ce référendum comme une certaine supercherie, car Haider ne dit pas à ses électeurs autrichiens qu'ils se prononcent sur l'entrée de leur voisin du Nord à l'Union européenne. En d'autres termes, monsieur Haider n'est pas un expert en énergétique nucléaire, ni un expert en écologie. Monsieur Haider est un expert en rien, sauf en populisme ». Les députés du Parti populaire autrichien, ÖVP, au Parlement européen, critiquent, eux aussi, l'action lancée par leur partenaire au gouvernement, le FPÖ. Elle est qualifiée de courant qui pourrait nuire à l'Autriche, en faisant un pays problématique, au sein de l'Union européenne. Marlies Flemming, du ÖVP, parle même d'une situation schizophrénique de l'Autriche, qui mobilise contre la centrale nucléaire tchèque, tout en gardant le silence sur d'autres réacteurs, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne ou dans d'autres pays, réacteurs qui, selon les spécialistes, sont beaucoup plus dangereux que celui de Temelin. Sur la scène médiatique autrichienne, seul le plus grand quotidien, Neue Kronen Zeitung, a pris le parti de ceux qui appellent à bloquer l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne, sous le couvert de protestations contre Temelin.