Les Tchèques, sont ils aussi irréligieux qu'on le dit ?
Les Tchèques sont souvent présentés comme une nation plus irréligieuse que les autres nations d'Europe. Est-ce une considération juste ou, plutôt, superficielle... Alena Gebertova a posé la question à Petr Kolar, jésuite, rédacteur des programmes religieux de la Radiodiffusion tchèque.
« Les Tchèques sont très anticléricaux, ils sont contre les institutions religieuses, mais au fond, ils sont très religieux. Dans les récents sondages, plus de 40 pour-cent des personnes interrogées croient, soit à la réincarnation, soit à la résurection, c'est inouï. Dans aucun pays catholique on n'a ce taux de croyance. Et, puis, la spiritualité, parmi les intellectuels, vous allez trouver difficilement quelqu'un qui se déclare absolument icroyant, n'est-ce pas. Qu'est-ce qu'ils croient ? Vaclav Havel, il est très typique. Il ne croit pas en Dieu chrétien, mais il croit en quelque chose. Tomas Halik que tout le monde connaît dans ce pays, professeur de philo, dit que ce pays est plein de « nìcistes », tout le monde croit en « nìco », en quelque chose, mais n'arrive pas à se fixer sur quoi. Le désir de la spiritualité chez les jeunes gens est frappant. De ce point de vue, on ne peut pas parler d'une population irréligieuse, mais on peut parler d'une population anticléricale, ça c'est la racine de l'oppression que l'Eglise a exercée. Et moi, je trouve que c'est un bon réflexe. On n'a pas à lutter au nom de l'Evangile contre quelqu'un, mais pour quelque chose ».