Proposition ou test ?
La proposition de lundi, du chancellier Allemand Gerhard Schröder, de reporter de sept ans la libre circulation de la main-d'oeuvre des prochains nouveaux membres de l'Union européenne a vite trouvé ses critiques. Jan Uhlir.
Force est de constater que l'opposition à l'idée du chancelier allemand ne s'est pas formée seulement autour des pays candidats, mais aussi dans certains pays membres, tels que la Finlande et les Pays-Bas. Les Centreuropéens de l'accord dit de Visegrad, c'est-à-dire la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, ont eu l'occasion de s'y exprimer à Bratislava, capitale de la Slovaquie. Les chefs de gouvernement de ces pays s'y sont, en effet, donné rendez-vous avec leur homologue néerlandais Wim Kok. Et leur réaction a été unanime. Alors que le Polonais Jerzy Buzek a refusé carrément l'insinuation allemande, le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, a eu recours à un rejet plus subtile, rejet quand même. « C'est une proposition d'un pays membre - a-t-il dit - mais nous attendons une prise de position commune de l'Union européenne ». Sur place, Wim Kok n'a pas hésité à avouer que la main-d'oeuvre qualifiée manque aujourd'hui dans son pays et que la même situation peut se produire aussi en Allemagne. Dans ce cas, estime-t-il, le chancelier Schröder, lui aussi, serait poussé à changer d'opinion. Quant à elle, la Finlande ne verrait pas d'un bon oeil cette pratique discriminatoire à l'égard des nouveaux membres de l'Union. Mme Tarja Filatov, ministre finlandais du Travail, a même fait entendre, dans le journal Helsingin Sanomat, que cette mesure ne ferait que davantage approfondir l'abîme existant entre l'Est et l'Ouest.
La peur des Allemands de se voir confrontés, à l'avenir, à une main-d'oeuvre bon marché, venue de l'Est, peut, certes, être légitime. Il n'en est pas moins vrai que la libre circulation des travailleurs est l'un des droits fondamentaux des citoyens des pays membres de l'Union européenne. Sous cette optique, la proposition de M. Schröder s'avère être soit un signal confirmant que l'idée des pays membres de deuxième catégorie n'est pas encore morte, soit un simple test de tolérance.