Première pour le président de la République tchèque, Vaclav Havel : mercredi, il répondait en direct aux questions qui lui étaient posées sur le Web. Comment cela s'est-il passé ? La réponse par Alain Slivinsky.
V.Havel
Disons, tout de suite, que la technique n'a pas résisté à l'énorme intérêt des internautes tchèques : plus de 10 000 questions dans les deux premières minutes ! Le serveur du Château, www.hrad.cz, a déclaré qu'il était congestionné ! N'empêche, certaines personnes sont arrivées à communiquer avec le chef de l'Etat. C'était vraiment une première pour Vaclav Havel, qui a déclaré qu'il avait même le trac. En effet, le président tchèque n'aime pas beaucoup les entretiens en direct, la majorité de ses discours sont enregistrés... Disons qu'il est assez perfectionniste dans ses propos. Depuis 1994, il ne donnait plus de conférence de presse régulière. Selon son porte-parole, le Président a décidé qu'il ne pouvait pas ignorer le Web, cet instrument de communication moderne et universel. Il n'est pas le seul, beaucoup de personnalités mondiales font de même : Clinton, Poutine, le dalaï-lama... Vaclav Havel a répondu, pendant une heure, aux questions dans l'ordre où elles apparaissaient sur son site. Les questions d'ordre vulgaire ont été exclues. Vaclav n'étant pas un professionnel du clavier, certaines réponses ont été écrites par une secrétaire. Quelles étaient les questions posées au chef de l'Etat tchèque ? Quelques exemples seulement. Le mode de scrutin pour les présidentielles... Réponse, plutôt pour l'élection directe par les citoyens. Son livre préféré... Plutôt Franz Kafka. Les relations avec les Etats-Unis... Sérieuses, sans servilité, mais sans arrogance non plus. Les relations conjugales... J'aime mon épouse, elle m'aime, mais je ne peux dire que je sois parfaitement heureux, car cela pourrait appeler la malédiction. La publication de Mein Kampf en Tchéquie... Rien à dire contre la publication complétée d'informations et explications, mais sans la volonté d'en faire une sensation et une source de profit, sous le manteau de l'érudition historique. La dernière question n'était pas agréable : un certain Olda demande à Vaclav Havel s'il n'a pas fait assez de mal sur la scène politique, et s'il ne devrait pas se retirer. Avec son humour propre, le Président tchèque répond : « Cher Olda, je t'assure que tu vivras mon départ à la retraite, tu pourras enfin respirer. Mes jours politiques sont comptés, les temps arrivent où je ne serais plus obligé d'écrire des discours officiels et des réponses aux Olda. C'est ma dernière réponse, dans ma première conférence par le Web. J'en retiens beaucoup. J'ai compris que grâce au Web on peut papoter d'une manière intéressante, avec n'importe qui, de n'importe où. J'espère que je ne serais pas contaminé par cette maladie, comme la maladie de la vache folle, et qu'à cause du Web et de son papotage, je ne manquerais pas à mes devoirs constitutionnels.
