Les artistes tchèques défendent leur droit d'évoquer la toxicomanie
Un nouvel article de la loi contre la propagation de la toxicomanie provoque la colère de nombreux artistes du pays. Un concert a même été organisé et une pétition remise au Président Vaclav Havel dans le cadre de la campagne intitulée L'art contre la censure.
Depuis le 1er juillet, le Tribunal tchèque peut envoyer derrière les barreaux pour une durée allant de un à cinq ans toute personne qui fait de la propagation de l'utilisation de la drogue par l'intermédiaire de la presse écrite, de la radio, de la télévision, du cinéma ou de l'informatique. Un article apparemment plein de bon sens qui a pourtant soulevé une vague d'incompréhension et un tollé général dans les rangs des artistes tchèques, et notamment dans ceux des musiciens. Selon eux, ce nouvel article poserait un problème de censure car il ne permettrait plus d'évoquer ouvertement et publiquement la toxicomanie, fréquemment abordée par les écrivains, les réalisateurs de films ou les musiciens.
C'est pourquoi dès le premier jour de l'entrée en vigueur de l'article en question, une vingtaine de musiciens a organisé un concert destiné à soutenir, à travers la musique, la campagne L'art contre la censure. Une
pétition rassemblant plus de 6000 signatures a également été remise par son initiateur, le journaliste Jiri X. Dolezal, au Président Vaclav Havel. Un Président qui, lors du processus d'approbation de l'article, aura un peu curieusement apposé sa signature en bas du document. Son porte-parole, Ladislav Spacek, s'est toutefois empressé de préciser que l'accent n'avait vraisemblablement pas été suffisamment mis sur la signification réelle de l'article. Ce que pense également Jiri X. Dolezal. Pour lui, en ce qui concerne Vaclav Havel, il ne peut s'agir que d'une erreur. Dans le cas contraire, il parle de négation totale de l'oeuvre philosophique de toute sa vie.Cette intention d'artistes tchèques de faire annuler ou, au moins, modifier cet article si controversé semble, pour l'instant, porter ses fruits puisque le sujet pourrait bientôt être remis à l'ordre du jour au Parlement. Est notamment évoquée une adaptation qui protégerait les oeuvres d'art d'une application trop stricte de la loi, tout en n'omettant pas de tenir compte du degré de décence de leur message.