L'environnement en République tchèque

Sous le régime communiste, la Tchécoslovaquie était l'un des pays les plus pollués d'Europe. Une bonne partie des forêts de la Bohême du nord et du nord-est étaient détruite, l'air, dans certaines régions était irrespirable. Après la chute du communisme, en 1989, beaucoup de choses ont changé dans la sphère écologique. Cela a demandé d'énormes investissements. Le problème de l'environnement en demandera encore, avec l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne. L'environnement en République tchèque est le thème de cette édition de notre rubrique consacrée à la vie de chaque jour des habitants de ce pays du coeur de l'Europe.

Forêt de la Bohême du nord
Plus de 40 années d'une économie totalitaire, qui était administrée par des fonctionnaires du parti communiste et non par des spécialistes, ont complètement changé l'apparence du paysage tchèque. La collectivisation forcée de l'agriculture a eu des conséquences néfastes sur l'environnement. A l'exemple des kolkhoz soviétiques, on a voulu créer de grandes exploitations agricoles. Pour cela, les haies, les bosquets, les fossés qui séparaient les champs des petits exploitants ont été labourés. Dans le cadre d'un grand plan d'aménagement du territoire, on a procédé à la liquidation des sources et petits ruisseaux, pour assécher le plus grand nombre de terrains et en faire des sols agricoles. Les cours d'eau et torrents de montagne ont été canalisés, souvent leur cours a été détourné. Le résultat de tous ces travaux ? Une partie de la faune, principalement les oiseaux, a disparu de la campagne tchèque. Avec la disparition des haies et bosquets, ils n'avaient plus où faire leurs nids. Le régime communiste a apporté un remède rapide : on a effectué le repeuplement avec des oiseaux d'élevage, perdrix, caille, faisans et autres. Au bout d'un certain temps, il y en avait trop... Qu'à cela ne tienne, la Tchéquie était un paradis pour les chasseurs, étrangers en premier lieu, auxquels on vendait cher le droit de tuer le gibier trop abondant. Une autre conséquence de cette politique que le régime totalitaire présentait comme un progrès : les inondations de plus en plus fréquentes, certaines catastrophiques, comme celles du mois d'août 2002. Leur raison ? D'un côté, des pluies torrentielles, dues à la modification du climat sur toute la planète, mais aussi le changement du caractère naturel du paysage tchèque. Le détournement des cours d'eau n'a pas profité à la nature. L'année dernière, elle a repris ses droits, les cours d'eau reprenant leurs lits de jadis, dans certaines régions. La canalisation forcée des petits ruisseaux, des petites sources a causé l'écoulement en surface des eaux, alors qu'avant, elles coulaient naturellement, dans le sous-sol. Avec cette canalisation, bon nombre de nappes phréatiques ont disparu. Conséquences ? Sécheresse quand il ne pleut pas, inondations quand il pleut.

La transformation de l'agriculture traditionnelle en ce que les communistes appelaient « agriculture intensive » n'est que l'une des causes des séquelles que nous connaissons aujourd'hui. Le développement de l'industrie lourde, des activités minières, de l'industrie chimique, en est une autre. Ceux qui s'intéressent à l'écologie de plus près, mais aussi les simples gens, connaissent très bien ce qu'on appelait le triangle des pluies acides. Il se trouvait, et existe encore, au Nord de la Bohême, aux frontières entre la Tchéquie, l'Allemagne et la Pologne. Une région de mines, d'usines chimiques... avec tous les résidus rejetés dans l'atmosphère, aux temps de la dictature du prolétariat dans les trois pays. Les conséquences de ces activités sont catastrophiques : il n'existe pratiquement plus de forêts, dans ce coin de l'Europe. Le résultat : l'apparition de plus en plus fréquente d'inondations. En effet, le feuillage des arbres n'est plus, et les pluies ruissellent directement sur les sols, coulent vers les vallées des torrents, des ruisseaux et des rivières, dont les lits, trop pleins, se déversent sur les environs. L'exploitation des mines à ciel ouvert a grandement endommagé certaines agglomérations. Les dégâts sont énormes et leur assainissement coûte cher. En 1990, les investissements consacrés à l'environnement représentaient 1 % du PIB. Depuis 1997, ils représentent 1,5 %.

L'entrée de la République tchèque à l'Union européenne, prévue pour l'année 2004, aura aussi des retombées positives sur la qualité de l'environnement tchèque. En premier lieu, la Tchéquie est obligée d'adapter ses lois à celles de l'Union. Cela concerne par exemple les standards plus élevés de la pureté de l'air, la baisse des quantités des déchets qui se retrouvent dans les décharges, et l'augmentation de la quantité qui est recyclée. Les normes européennes sont aussi plus rigoureuses dans le domaine de l'industrie automobile, l'un des plus gros pollueurs de l'environnement. Un exemple pour tous : L'air des villes minières, comme Most, Sokolov, en Bohême du nord, était parmi les plus pollués en Tchéquie. Aujourd'hui, ce sont les Pragois, les habitants de la capitale, qui respirent l'air le plus nocif à leur santé. Comment cela est-il possible, quand Prague ne possède pratiquement pas d'industrie polluante, quand les grosses usines ont fermé leurs portes ? Tout simplement en raison de l'augmentation énorme du trafic automobile dans la capitale. En raison de l'absence d'un périphérique qui détournerait le trafic du centre. En raison de l'ignorance des autorités communistes qui, avant 1989, avaient décidé de faire transiter toutes les voitures et camions par le centre de Prague, avec la fameuse voie rapide qui passe au sommet de l'historique place Venceslas. A tout cela, les autorités actuelles tentent de remédier ou réalisent déjà les solutions. Le problème est souvent d'origine financière, le périphérique devrait être terminé bientôt, mais sa réalisation coûte très cher au budget de l'Etat. Paradoxalement, très souvent des organisations écologiques s'opposent ou retardent la réalisation de projets indispensables pour l'amélioration de l'environnement.

Restons dans le domaine du trafic routier. Tout le monde reconnaît la nécessité de construire de nouvelles autoroutes. Vers le Sud, l'Autriche et l'Allemagne, vers le Nord, la Pologne et l'Allemagne. Le projet d'autoroute qui relierait Prague à l'Autriche, en passant par la Bohême du sud, pour remplacer une nationale totalement surchargée, est retardé par les organisations écologiques, nationales ou locales. Pendant ce temps, les camions continuent à polluer l'environnement d'une manière désastreuse tout le long de la nationale, qui est la voie empruntée par tous ceux qui veulent se rendre de Tchéquie en Autriche, Bavière, Italie, voire au Sud de la France. En plus de cela, c'est l'une des routes les plus dangereuses de Tchéquie, avec un grand nombre d'accidents mortels. En dernier lieu, 19 morts dans l'accident d'un autocar qui avait quitté l'étroite nationale pour se renverser dans un fossé, sept mètres plus bas. Même problème avec l'autoroute du nord montant de Prague vers Dresde. Même problème, encore avec l'autoroute du nord-est, conduisant de Brno à la grande ville industrielle d'Ostrava et la Pologne. Ostrava, une ville minière et de l'acier aurait pourtant bien besoin d'une autoroute, car elle est frappée par un énorme taux de chômage, mais aussi délaissée par les investisseurs en raison de son mauvais accès par la route.

L'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne réglera-t-elle les problèmes écologiques du pays ? Certainement pas immédiatement mais, d'un autre côté, l'adoption des standards écologiques européens par la législation tchèque devrait contribuer, grandement, à l'amélioration de l'environnement. L'aide financière de l'Union n'est pas négligeable non plus. Grâce aux programmes ISPA et Phare, il a été possible de construire de nombreuses stations d'épuration des eaux usées. En 1999, par exemple, la ville de Brno, en Moravie du sud, a bénéficié d'une aide de plus de 14 millions d'euros pour la reconstruction de sa canalisation. Comme le dit, pourtant, Vojtech Kotecky, de l'association écologique Duha (Arc-en-ciel) : « Un air pur ? Tout dépend de nous-mêmes » !