Au seuil du référendum européen
Etes-vous d'accord pour que la République tchèque devienne, aux termes du Traité d'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne, pays membre de l'UE ? Les journalistes de l'un des principaux quotidiens tchèques, Mlada fronta Dnes, répondent à l'unanimité : un seul mot domine la une du journal : "ANO", en français "OUI". Leurs concitoyens vont-ils les suivre ?
Etes-vous d'accord pour que la République tchèque devienne, aux termes du Traité d'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne, pays membre de l'UE ? Les journalistes de l'un des principaux quotidiens tchèques, Mlada fronta Dnes, répondent à l'unanimité : un seul mot domine la une du journal : "ANO", en français "OUI". Leurs concitoyens vont-ils les suivre ? Jeudi soir, le chef du gouvernement, Vladimir Spidla, avait la dernière possibilité de les mobiliser. "Il s'agit d'une décision grave, dont l'importance va dépasser le cadre de la vie politique et de la vie quotidienne", a déclaré Vladimir Spidla dans son intervention diffusée par la radio et la télévision.
"Si nous disons « NON » au référendum, si nous n'entrons pas dans l'UE, un rideau tombera à la frontière tchèque. Ce ne sera pas un rideau de fer, mais il sera aussi pesant. La République tchèque deviendra un îlot au milieu de l'Europe unifiée, et le rideau nous séparera même de nos voisins slovaques."
Après avoir énuméré, en citant l'exemple du Portugal, les avantages de l'adhésion, le Premier ministre a comparé la situation actuelle avec celle en 1947, lorsque l'ancienne Tchécoslovaquie perdit sa souveraineté en rejetant le plan Marshall. "Libérons-nous de la petitesse d'esprit, ignorons les conflits de tous les jours, enlevons les lunettes idéologiques et décidons-nous. Décidons de l'avenir de la République tchèque, de notre avenir commun, de l'avenir de ceux qui naîtront dans les années à venir", a conclu le Premier ministre Spidla.Ce vendredi, trois heures seulement avant l'ouverture des bureaux de vote, le Premier ministre et le président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, ont donnée une conférence de presse qui a mis un point à la campagne précédant le référendum.
"La campagne est finie, la social-démocratie s'est jointe pleinement à cette campagne. Je suis très content que nous ayons réalisé des dizaines de discussions avec les gens et je suis convaincu, mes expériences personnelles me le prouvent, que les citoyens tchèques ont reçu une grande quantité d'informations qui leur permettra de décider avec une pleine conscience de l'importance de leur décision." Et le Premier ministre de se féliciter des questions précises et détaillées que les gens lui ont adressé, lors de ces débats publics.
Quant au chef de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, il voit dans l'intégration européenne un acte de courage.
"J'aimerais dire que nous n'entrons pas aujourd'hui dans un milieu qui serait harmonieux, nous n'entrons pas dans une Europe dont la forme serait donnée une fois pour toutes, a dit Lubomir Zaoralek. Nous y entrons à une époque où l'on poursuit une discussion intense sur son nouveau visage. Et cette discussion exige de nous un certain courage. Je dirais même qu'on a besoin, aujourd'hui, d'une coalition de courageux qui participeraient à la création d'une nouvelle Europe." Et Lubomir Zaoralek d'évoquer, dans ce contexte, les plaintes de ceux qui manquent de courage parmi lesquels il y a aussi certains hommes politiques. D'après lui, ils se plaignent que les choses ne vont pas comme ils le désirent, ils souhaitent que l'histoire évolue dans un autre sens, ils disent que nous n'avons pas assez joui de notre souveraineté. Lubomir Zaoralek a évoqué dans ce contexte la récente décision de notre délégué Jan Zahradil de quitter prématurément la session de la Convention européenne en signe de protestation contre la fédéralisation de l'Europe. D'après Zaoralek, c'est une décision malheureuse, car Jan Zahradil devait défendre les intérêts tchèques dans la Convention. "Je crois, a-t-il souligné, que c'est aussi un manque de courage que nous ne pourrons pas nous permettre à l'avenir. L'Union européenne nous donnera assez d'espace si nous sommes capables de le prendre."