Rétrospective du peintre Jan Preisler

Actuellement, les visiteurs de la Maison municipale à Prague ont une occasion unique de voir une rétrospective du peintre tchèque Jan Preisler. On a parfois tendance à prendre Jan Preisler pour un artiste exprimant surtout les états d'âme et les langueurs fin de siècle. Néanmoins, il est évident, et l'exposition de la Maison municipale le démontre, que le rôle que Jan Preisler a joué a été beaucoup plus important et qu'il peut être considéré comme un des fondateurs de l'art tchèque moderne. Né en 1872, il a subi comme par exemple Alfons Mucha, son contemporain, les tendances dominant les arts à la fin du XIXème et au début du XXème siècles.

Les personnages de ses premiers tableaux, les femmes éthérées et les adolescents rêveurs, expriment, comme il l'a dit, lui-même, "des tristesses diverses, des infidélités, des mélancolies." Mais déjà son style particulier et un emploi original de la couleur annoncent un peintre désirant ouvrir à la peinture de nouveaux horizons. Son célèbre triptyque "Le Printemps" lui a apporté, en 1900, une reconnaissance internationale et depuis ce moment-là jusqu'à 1918, année de sa mort, il n'a cessé de donner des chefs-d'oeuvre. Son tableau intitulé "Le lac noir" représentant un jeune homme avec son cheval sur le fond d'un lac sombre est une véritable symphonie de la couleur noire. Son admiration pour Munch, Gauguin et Cézanne l'ont amené a simplifier son style et sa palette, mais les grands thèmes présents déjà dans les tableaux de sa jeunesse, la solitude et la séduction, n'ont jamais cessé de l'obséder. Difficile de dire vers quels sommets aurait évolué sa création si elle n'avait pas été coupée brutalement par la mort de l'artiste à l'âge de 46 ans. Mais la poésie irrésistible qui se dégage de la majorité de ses tableaux signale que son style aurait toujours été marqué par un lyrisme virile et profond.