Les médecins demandent la tête de la ministre de la Santé publique
En République tchèque, le poste de ministre de la Santé publique est certainement un des plus délicats. Tout comme ses nombreux prédécesseurs, la ministre actuelle, la social-démocrate Marie Souckova, tente de consolider le secteur, frappé par une crise financière profonde. Mais son plan SOS, visant surtout à ressusciter les hôpitaux endettés, a soulevé un tollé de protestations dans l'Ordre des médecins tchèques. Situation mille fois vécue : les médecins demandent la démission de la ministre.
C'est un cercle vicieux. Les compagnies d'assurance ne payent pas les hôpitaux noyés dans les dettes et incapables de payer, à leur tour, les fournisseurs. La ministre Marie Souckova, médecin de profession, impose des changements radicaux et douloureux dans le système de santé : par exemple, l'Etat aiderait financièrement les hôpitaux endettés, à condition qu'ils suppriment jusqu'à 10 000 lits et raccourcissent l'hospitalisation. L'Ordre des médecins tempête et rappelle que la République tchèque possède, à présent déjà, moins de lits pour mille habitants, par rapport à la moyenne des pays de l'UE. Une autre mesure envisagée qui ne plaît guère aux médecins : Marie Souckova veut leur interdire de mener deux carrières à la fois, c'est à dire de travailler, à titre d'exemple, le matin à la clinique et l'après-midi dans un cabinet privé - situation qui est ici tout à fait habituelle. A en croire David Rath, président de l'Ordre des médecins et principal critique de la réforme en question, quelque 5 ou 6 milliards de couronnes (environ 200 millions d'euros) suffiraient pour tirer la Santé publique de l'agonie, sans recourir aux restrictions draconiennes. Ne possédant malheureusement pas de baguette magique, il propose, tout simplement, de débloquer la grosse somme du budget de l'Etat. Un petit détail gênant : ce dernier a déjà l'énorme déficit de 115 milliards de couronnes... "Ces dix dernières années, l'Ordre des médecins n'a élaboré aucune stratégie d'amélioration du système de santé. La seule chose qui lui tient à coeur, c'est l'augmentation des salaires", a dit, pour le quotidien Pravo, la ministre Souckova, sûre de sa position au gouvernement qui a, en effet, refusé de discuter, lors de sa réunion de dimanche dernier, de son éventuelle démission. En même temps, le chef du cabinet Vladimir Spidla refuse de pratiquer la politique de l'autruche : dans une semaine, il rencontrera le président de l'Ordre des médecins. Est-ce le début de la fin de la crise ? Personne ne sait...