L'Eternel retour de la famille Benda
Pour deux concerts donnés à Prague, la soprano américaine Renée Fleming a collaboré avec l'Orchestre symphonique de la ville de Prague FOK, placé sous la direction de Christian Benda, compositeur, violoncelliste et chef d'orchestre. Ce dernier est membre d'une famille de musiciens tchèques qui a donné au monde, déjà au 18ème siècle, plusieurs compositeurs, dont les célèbres Jiri Antonin Benda et Frantisek Benda. Interrogé par Vaclav Richter, Christian Benda a parlé de son travail mais évoqué, aussi, ses illustres ancêtres.
-Vous êtes l'homme de plusieurs talents, est-ce que vous vous considérez comme violoncelliste ou d'abord comme chef d'orchestre?
« Tout simplement comme musicien. Parce que je fais de la composition. Peut-être entendra-t-on les introductions que j'ai préparées pour certaines oeuvres. Comme violoncelliste, j'ai partagé ma musique avec les membres de ma famille, avec mon père qui est décédé en février de cette année. Dernièrement, c'était surtout pour lui que je jouais du violoncelle. Et puis la direction d'orchestre, cela peut être dans un quatuor ou dans une formation plus grande. Finalement, la musique, c'est la musique. »
-Vous descendez d'une famille qui a ses racines en Bohême. Est-ce que vous poursuivez cette tradition familiale?
« Tout à fait. Nous sommes cinq frères et soeurs, cinq musiciens professionnels, nous avons créé un ensemble. Parfois, nous jouons aussi séparément, bien sûr, mais nous sommes toujours comme les anciens musiciens. Nous jouons dans le monde, nous rencontrons d'autres musiciens. Il n'y a rien de changé. Il y a l'évolution mais il y a aussi le fameux éternel retour de Nietszche. Je crois que nous vivons surtout cela. L'éternel retour. »
-Quel est votre rapport vis-à-vis de la famille Benda, famille qui était active en Bohême et dans d'autres pays au 18ème siècle?
« J'ai enregistré toutes les symphonies de Jiri Antonin Benda, j'ai enregistré celles de Frantisek Benda aussi, j'ai fait un enregistrement des mélodrames de Jiri Antonin avec l'excellent Orchestre de chambre de Prague PKO, j'ai enregistré plusieurs disques avec le violoniste Josef Suk, des oeuvres pour violon de Jiri Antonin et de Frantisek Benda. Le dernier disque de la série a été réalisé il y a deux ans déjà, et je pense que c'est aussi le dernier disque de Josef Suk. »
-Est-ce qu'il y a donc encore quelque chose à découvrir en ce qui concerne la famille Benda? Reste-t-il beaucoup à faire dans ce sens?
« Enormément. Il y a beaucoup de musique à découvrir et de belles choses. Je vous donne seulement un exemple, qui est frappant. Vous savez que Jiri Antonin Benda était le compositeur préféré de Mozart. Dans une lettre à son père, Mozart a dit: "Benda est mon compositeur préféré." Jiri Antonin a écrit le début d'un requiem, requiem pour son oeuvre qui s'appelle Roméo et Juliette. Dans ce requiem, il y a exactement le même motif que celui que Mozart a repris par la suite pour son requiem à lui. Exactement le même. Cela est quelque chose qu'on doit absolument rappeler aux gens."