Quelle est la vérité sur la mort de Jan Masaryk
La police tchèque a refermé le dossier sur la mort tragique de l'ex-ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Masaryk. Cette fois-ci, la conclusion est formelle: Jan Masaryk, fils du premier président tchécoslovaque, Tomas Garrigue Masaryk, a été assassiné.
La police ne donne, pourtant, aucune nouvelle preuve pour appuyer cette conclusion basée surtout sur l'expertise du spécialiste de bio-mécanique, Jiri Straus. L'enquête sur la mort de Jan Masaryk devient de plus en plus difficile car, avec le temps, les témoins de cet événement tragique se font rares.
Le 10 mars 1948, quelques semaines après le coup d'Etat communiste, le corps de Jan Masaryk, ministre des Affaires étrangères, a été trouvé dans la cour du Palais Cernin, sous les fenêtres de la salle de bain de sa suite ministérielle. Etait-ce un suicide ou un assassinat politique? Etait-ce la seule issue que l'humaniste qu'était Jan Masaryk a trouvé pour échapper à sa situation intenable, au sein du gouvernement Klement Gottwald, dont les ambitions totalitaires devenaient évidentes? Ou était-ce l'acte par lequel le régime communiste, aidé d'experts russes, s'est débarrassé de ce ministre aussi populaire qu'incommode? 56 ans après la tragédie, on ne connaît toujours pas la réponse satisfaisante.
Certains témoins, dont l'amie de Jan Masaryk, Marcia Dawenport, étaient persuadés que le ministre avait été assassiné, d'autres témoins, dont le secrétaire de Masaryk, Antonin Sum, sont des partisans convaincus de la théorie du suicide. Selon l'expertise de Jiri Straus, spécialiste de bio-mécanique, Jan Masaryk n'a pas sauté de la fenêtre du palais Cernin, mais il a été poussé dehors car "au moins une autre personne a contribué à sa chute". Il y a quelque temps, la télévision tchèque a diffusé un entretien avec une femme russe qui avait été en contact avec les services secrets soviétiques. Son témoignage était considéré comme un argument de taille pour la théorie de l'assassinat. Malheureusement, la mort de ce témoin important a rendu impossible son interrogatoire par la police. S'il y a donc une explication de la tragédie de Jan Masaryk, elle est bien cachée au fond des archives russes. Toutes les initiatives tchèques, en vue de consulter les documents sur cette affaire se trouvant en Russie, ont échoués. " Ils nous ont dit qu'il s'agissait d'informations secrètes", explique Pavel Bret, du Centre de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme, et il ajoute avec un brin d'optimisme: "Néanmoins nous ne considérons pas cette réponse comme définitive."