Reporters sans frontières réagit à l'agression du rédacteur en chef de l'hebdomadaire Respekt
Comme nous vous en avons déjà informé dans nos Faits et événements de lundi, Tomas Nemecek, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Respekt, a été agressé, samedi dernier, devant son domicile par deux inconnus. Depuis, ce fait divers, qui n'a pas manqué de soulever de nombreuses interrogations sur le journalisme d'investigation et la liberté de la presse, a notamment provoqué une réaction de Reporters sans frontières. De quelle nature ? C'est ce que nous explique Soria Blatmann, responsable du bureau Europe de l'association :
-Quelle a été la réaction du ministère de l'Intérieur ?
« On lui a écrit le 19 janvier, c'est donc un peu tôt pour avoir une réponse des autorités. Notre règle à Reporters sans frontières est d'essayer d'établir des dialogues avec les autorités, surtout dans un pays tout à fait démocratique comme la République tchèque. On espère, on pense avoir une réponse rapidement du ministre et surtout, au-delà d'une réponse, des actions concrètes pour retrouver les auteurs de cette agression. »
-Cette affaire peut-elle être considérée comme une exception ou est-elle révélatrice d'un malaise plus profond, caché ? N'y a-t-il pas une volonté en République tchèque, notamment en provenance de certaines personnalités politiques, d'intimider les journalistes d'investigation ?
« Je pense d'abord que la situation de la liberté de la presse en République tchèque est bonne. C'est un pays qui va intégrer l'Union européenne très bientôt et où il n'y a pas de problème majeur à nos yeux. En revanche, c'est vrai que les relations entre la presse et la classe politique, en particulier la classe politique dirigeante, sont extrêmement difficiles. Je pense en particulier à la multiplication des procès en diffamation contre les journalistes. Ca, ce n'est pas bon pour la liberté de la presse. Même si les dispositions les plus liberticides ont été supprimées du code pénal tchèque, il reste quand même ce poids, cette menace permanente d'une poursuite judiciaire qui peut pousser les journalistes, et en particulier les journalistes d'investigation, à l'auto-censure. C'est le risque principal. »