Violence à l'égard des femmes : en finir avec le tabou !

Campagne contre la violence conjugale, photo: CTK

La République tchèque s'est jointe à la campagne mondiale contre la violence conjugale, lancée par l'organisation Amnesty International. Il était grand temps : 38% des femmes Tchèques en seraient victimes...

Campagne contre la violence conjugale,  photo: CTK
La violence à l'encontre des femmes a été ici, pendant de longues années, un sujet tabou. Pour y voir plus clair, les sociologues de l'Académie des sciences et de l'Université Charles ont effectué, auprès d'environ 2000 femmes, un sondage détaillé. Le bilan ? La République tchèque serait, avec presque 40% des femmes maltraitées, au-dessus de la moyenne mondiale. Deux femmes questionnées sur trois auraient été tapées, giflées, tirées par les cheveux, menacées d'une arme, contraintes à l'acte sexuel ou victimes d'une autre forme de violence, sans oublier la pression psychique. Les agressions physiques les plus graves ont été commises par les conjoints. Parmi les autres agresseurs, souvent à l'origine des violence sexuelles, on trouve les amis, les proches des victimes, ou alors des inconnus. Enfin, deux chiffres qui inquiètent particulièrement les spécialistes : alors que plus de 40% des Tchèques sondées estiment que leur vie était en danger, seulement 8% d'entre elles ont fait appel à la police ou à une des associations, destinées aux femmes en détresse. La peur, la honte, le lien sentimental, les enfants... Voilà ce qui se cache derrière l'incapacité d'agir des victimes.

Briser les préjugés ancrés, sensibiliser la population au phénomène à l'aide de spots télévisés, de brochures et de conférences, mais surtout améliorer la législation - tels sont les objectifs des ONG qui s'impliquent dans la question, des experts de différents ministères, du Conseil gouvernemental pour la parité et de la police. Au printemps, le gouvernement devrait se pencher sur une série de modifications des lois, visant à renforcer la sécurité des femmes maltraitées. Une mesure-clé : permettre à la police de séparer la victime de l'agresseur. Imposer ces amendements sera long et difficile, prévoient les représentants des ONG. Mais quand même, les choses commencent à bouger : selon le Code pénal modifié qui entrera en vigueur un juin prochain, la violence conjugale sera sanctionnée d'une peine de plusieurs années de prison. C'est déjà un succès...

Auteur: Magdalena Segertová
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