Vienne apprécie Pavel Kohout
L'écrivain et dramaturge tchèque Pavel Kohout est certainement plus apprécié à l'étranger que dans son pays. La ville de Vienne lui a décerné la Médaille d'or honorifique pour son apport à la capitale autrichienne, en liaison avec son oeuvre. Alena Gebertova.
Les capitales autrichienne et tchèque sont en effet celles entre lesquelles l'écrivain tchèque partage sa vie, depuis la chute du communisme. Mais si Vienne, qui l'avait accueilli dans les années soixante-dix, lorsqu'il s'est vu assez spectaculairement interdire de rentrer en Tchécoslovaquie, se comporte très amicalement envers lui, Prague demeure, en revanche, sur ses gardes. Lauréat de nombreuses distinctions européennes, l'auteur n'en possède aucune de provenance tchèque. « C'est assez symptomatique, mais c'est bien comme ça », constate Kohout, auteur très fécond à qui l'on doit plus d'une quarantaine de livres et de pièces de théâtre. Ses compatriotes veulent-ils ainsi lui montrer qu'ils ne lui pardonnent pas son passé, assez court d'ailleurs, d'artiste adulé du régime communiste dans les années cinquante ? Ou bien s'agit-il d'une approche, assez fréquente en Tchéquie, à l'égard de ceux qui ont du succès sur la scène internationale ?
Le curriculum vitae de Pavel Kohout n'est ni plus ni moins identique à celui d'une grande partie des artistes tchécoslovaques qui, après avoir chanté les louanges du régime communiste, ont connu une période de dégrisement allant jusqu'à une opposition ouverte. Aujourd'hui, Pavel Kohout se veut, dans son pays d'origine, plutôt discret. Il ne s'engage pas dans les débats politiques, ne recherche pas la lumière des projecteurs ou la faveur des médias. Et ceux-ci semblent volontiers, trop volontiers peut-être, partager sa discrétion...