Hommage aux libérateurs
Plusieurs cérémonies commémoratives ont marqué le 59e anniversaire de la fin du second conflit mondial. L'une des premières a eu lieu à Plzen libérée déjà le 6 mai 1945, par la 3e armée américaine du général George Patton. Toute la Bohême du sud-ouest a été libérée par les Américains qui ne se sont arrêtés qu'à Rokycany, ville par laquelle passait la ligne de démarcation convenue entre Staline et Eisenhower dans l'esprit de la future répartition de l'Europe en sphères de pouvoir.
"Trois jours après la fin de l'insurrection pragoise, le 12 mai 1945, de jeunes sportifs du club d'aviron de Podoli retournaient, enfin, à la maison. Ils faisaient partie d'une brigade de reconnaissance, aujourd'hui légendaire, fondée en 1940 par les scouts pragois. Leurs unités ont lutté près de la Radio et du Musée national tout proche. L'un des rameurs qui a survécu aux combats sanglants près de la gare Masaryk a alors écrit dans le journal de combat: Nous sommes le samedi, 12 mai, une semaine après l'ouverture de l'insurrection. Nous rentrons à la maison, épuisés, nos vêtements et chaussures sont sales et déchirés, mais nous sommes heureux. Sur le chemin, nous rencontrons des gens habillés déjà comme un jour de fête. Nous avons raté quelque chose? Non, nous avons tenu jusqu'à la fin."
Sur plus de 1600 barricades élevées à travers Prague, en une seule nuit, du 5 au 6 mai, près de 30 000 hommes et femmes défendaient leur ville. 89 combattants ont trouvé la mort dans les combats pour la Radio.
Andela Dvorakova, présidente de l'Union tchèque des combattants pour la liberté, s'en souvient:
"59 ans se sont écoulés depuis le moment où on a à nouveau entendu la langue tchèque, à la radio: "Je sechs hodin - il est six heures," a annoncé, moitié en allemand, moitié en tchèque, le reporter Zdenek Mancal. Après six années d'occupation, c'était un réconfort énorme. D'autant que, dès lors, on a continué uniquement en tchèque. Des employés de la Radio n'ont plus tardé à enlever les inscriptions en allemand ce qui s'est avéré comme très productif, puisque de nouveaux renforts allemands ont eu du mal à s'orienter dans les couloirs et ne se rendaient pas compte qu'ils passaient droit à côté des studios."Grâce à cela, les émissions ont pu continuer. Au moment où les combats pour la radio ont éclaté, la Radio tchécoslovaque a diffusé, en tchèque, en russe et en anglais, l'appel suivant:
"Nous appelons la police tchèque, les gendarmes, les gardes du gouvernement, tout le peuple tchèque à venir en aide à la radio. Les Allemands y massacrent des Tchèques."
Le premier appel révolutionnaire a retenti à midi 33 minutes. Des foules de gens accouraient devant la radio où les coups de feu ont fait les premiers morts. Des appels réitérés ont contribué au déploiement de l'insurrection dans toute Prague. Les gens n'étaient pas armés dès les premières minutes et une direction unique manquait. Les animateurs essayaient d'encourager les défenseurs de Prague sur les barricades en diffusant les morceaux tirés de Ma patrie de Bedrich Smetana.
"La Radio est devenue le symbole de l'insurrection non seulement pour les Pragois mais pour tous les Tchèques qui ont répondu à ses appels," souligne Andela Dvorakova. Elle regrette que le legs de l'insurrection ne bénéficie pas de reconnaissance qui lui appartient:
"On ne parle presque pas des héros de l'insurrection pragoise bien que ce soient eux qui ont sauvé Prague. Des plans nazis ordonnaient une destruction totale de la métropole au-dessus de la Vltava. On ne devrait surtout pas oublier que certaines villes n'ont pas eu la chance d'échapper à ce sort..."