Suite de l'affaire du tableau "Le grand four à chaux"

"Le Grand four à chaux", tableau du peintre Pieter van Laer du début du 17ème siècle représentant un four à chaux dans les environs de Rome, joue depuis des années le rôle de détonateur dans les rapports entre la Tchéquie et le Liechtenstein. Ce même tableau est, ces jours-ci, également l'objet d'un procès que la principauté du Liechtenstein intente contre l'Allemagne auprès de la Cour internationale de La Haye.

L'Allemagne se voit accusée d'avoir violé le droit international en livrant à la République tchèque ce tableau qui avait été confisqué au lendemain de la Deuxième guerre mondiale à la famille Liechtenstein en Moravie. En refusant, dans les années 1990, de restituer ce tableau au Liechtenstein elle a fait échouer les revendications de la principauté qui demandait à la République tchèque le dédommagement pour les biens qu'elle possédait notamment en Moravie. Il est évident que l'affaire du tableau n'est qu'une infime partie de l'iceberg et qu'elle doit déclencher une nouvelle tentative de la maison Liechtenstein de récupérer ses biens évalués à 3,2 milliards de couronnes, quelque 100 millions d'euros.

Une partie de l'immense fortune des Liechtenstein sur le territoire tchèque a été confisquée déjà par la réforme agraire en 1919, l'autre partie a été expropriée en 1945 conformément aux décrets du Président Benes. En 1998, la Cour constitutionnelle allemande a décidé que les biens des Liechtenstein sur le territoire tchèque pendant la guerre faisaient partie des biens allemands et que leur confiscation selon les Décrets Benes était donc légitime, ce qui est aussi l'avis de la partie tchèque. Les avocats du Liechtenstein affirment cependant que la principauté était neutre pendant la guerre, que l'Allemagne n'avait pas le droit de s'approprier ses biens et qu'elle doit par conséquent soit les restituer à leur ancien propriétaire, soit le dédommager. L'affaire n'est pas prête de se terminer et "Le Grand four à chaux" risque de se transformer en grand bourbier.