Un prix littéraire pour Viktor Fischl
Le prix littéraire Jaroslav Seifert a été décerné cette année à deux écrivains tchèques pour l'ensemble de leurs oeuvres, Josef Skvorecky et Viktor Fischl. Ce dernier a répondu à quelques questions de Vaclav Richter.
C'est sans doute le roman Les Bouffons du roi qui est le plus grand succès littéraire de Viktor Fischl. Le roman qui raconte l'histoire de quatre prisonniers juifs devenus saltimbanques pour amuser le chef d'un camp de concentration, éveille des questions sur le sens de la vie, l'existence de Dieu et l'ironie du sort. Quels sont les raisons du succès de cet ouvrage. Viktor Fischl: "La Shoa est un sujet d'une telle gravité que chaque homme contemporain doit y penser. Je crois que c'est la raison principale de l'intérêt que cette oeuvre a suscité. La deuxième raison de cet intérêt est sans doute le fait que c'est un livre bien écrit. Pour ceux qui ont vécu l'enfer des camps d'extermination, il est très difficile d'écrire un bon livre sur ce sujet. Il leur faut prendre du recul, et aussi une distance dans le temps, mais ils sont toujours en train de vivre cette période de leurs vies, et ils la vivront jusqu'à leur mort. C'est pourquoi j'ai écrit ce livre. On peut compter avec les doigts d'une seule main les personnes qui ont subi cela et ont écrit de bons livres sur ce sujet. Il y en a très très peu. Moi, je n'y ai pas été, mais j'avais la chance d'avoir un frère qui en est revenu. Il ne racontait à personne ce qu'il avait vécu là-bas. Mais, à moi, il en a dit assez pour me permettre d'écrire ce livre."