Un projet en vue de démythiser l'histoire récente
Les élites politiques et les dissidents sous la « normalisation ». C'est ainsi que s'intitule un projet réalisé par le Centre de l'histoire orale de l'Institut de l'histoire contemporaine. Une information d'Alena Gebertova.
L'objet du projet est de démythiser l'histoire et de dénoncer les légendes qui la nimbent, dit le chef du Centre, Miroslav Vanek. Les entretiens avec une centaine d'anciens dissidents et politiciens communistes permettent de connaître les histoires personnelles de gens qui se sont engagés soit contre le régime, soit en sa faveur. Le projet couvre la période de la « normalisation » qui a commencé avec l'écrasement du fameux Printemps de Prague, en 1968, et qui s'est étendue jusqu'aux années quatre-vingts. Parmi les interviewés, on trouve d'un côté l'ex-président Vaclav Havel, figure de proue de la dissidence tchécoslovaque, et, d'un autre côté, Milous Jakes, leader communiste numéro un avant la Révolution de velours ou encore le chef des communistes pragois, Miroslav Stepan. Il n'étonne guère que certains anciens communistes haut placés, dont Lubomir Strougal ou Ladislav Adamec, aient refusé de coopérer.
Dans le cadre de leur projet, les historiens du Centre de l'histoire orale, qui existe depuis cinq ans, ont réuni au total 400 heures d'engregistrements audiovisuels qui représentent quelques 6 000 pages. L'intérêt pour ces enregistrements archivés est d'ores et déjà très grand, tant dans le pays qu'à l'étranger. La cinquantaine d'entretiens les plus intéressants sera publiée dans un recueil.
Le premier projet, que le Centre de l'histoire orale avait réalisé, s'intitulait Les étudiants après la chute du communisme en Tchécoslovaquie. Aujourd'hui, il prépare une enquête sur la société tchèque pendant la « normalisation », cette fois-ci, du point de vue d'ouvriers et de l'intelligentsia tchécoslovaques. D'autres projets sont prévus, concernant par exemple la musique rock sous le communisme ou la résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale.