La République tchèque devant un défi vital : changer ou disparaître

La République tchèque est au bord d'une profonde crise morale et sociale : tel est le sombre constat du Rapport sur l'état du pays, commandé par Vladimir Spidla alors qu'il était encore Premier ministre, et réalisé par une équipe issue du Centre pour les stratégies sociales et économiques de l'Université Charles en collaboration avec le comité pour l'éducation et la culture de la Chambre des députés.

Le rapport présenté ce lundi est pour le moins inquiétant et se veut à la fois un avertissement et un défi pour la République tchèque. Le pays se trouverait en effet à une « croisée des chemins stratégique » : nombre de problèmes actuels, qu'ils soient économiques, politiques ou sociaux ne vont aller qu'en s'aggravant en l'absence de pensée réellement tournée vers l'avenir et concentrée sur les nouvelles données de la société tchèque contemporaine.

Avec une faible natalité et une tendance générale au vieillissement, la population menace d'être réduite à une peau de chagrin : l'étude déplore une absence de réelle politique familiale qui permettrait d'inverser la tendance. Quant à l'apport de population immigrée, il pourrait en effet compenser le manque mais achoppe sur ce que dénonce également l'étude : les Tchèques se renfermeraient de plus en plus sur eux-mêmes et leur aversion pour les étrangers se renforcerait de manière constante.

Ouverture sur le monde et modernisation, éducation de qualité et réformes économiques, tels sont donc les principaux enjeux qui attendent le pays dans les années à venir. Sa principale richesse, c'est la « qualité du potentiel humain », indique le rapport qui invite ainsi à soutenir l'instruction, la recherche et la création, priorités numéro un pour faire face à une concurrence mondiale de plus en plus exigeante. De fait, sa qualité de membre de l'Union européenne devrait servir de marche-pied à une réelle présence tchèque sur la scène internationale à condition que cette participation soit pleinement active et enrichie de l'expérience propre du pays.

Loin de jouer les Cassandre habituelles qui se lamentent sur l'impossibilité de la République tchèque d'avoir son mot à dire, l'étude a au moins le mérite de mettre élites politiques et intellectuelles en face des responsabilités qui sont les leurs : selon le sociologue Martin Potucek qui a dirigé l'équipe de recherche, les politiques, notamment, doivent pouvoir proposer une « vision », un projet, et d'un autre côté, les citoyens aussi doivent prendre conscience de l'importance de ce défi. C'est au pays lui-même de se prendre en mains au lieu d'attendre que le « train lui passe sous le nez ».