Jan Sokol: Le Pape manifestait un énorme intérêt pour notre pays

Jan Sokol
0:00
/
0:00

Parmi les personnalités tchèques qui ont suivi avec une grande attention le pontificat de Jean-Paul II, il y a aussi Jan Sokol, philosophe, doyen de la Faculté des Etudes humanitaires de l'Université Charles de Prague et ancien candidat à la présidence de la République. Il a bien voulu répondre aux questions de Radio Prague:

Jean-Paul II était un pape très présent dans le monde. Il a beaucoup voyagé malgré l'âge et la maladie. Jadis, le souverain pontife était un personnage qu'on ne voyait que rarement, pratiquement inaccessible, très éloigné de la foule. Dans quelle mesure Jean-Paul II a-t-il changé cette image du pape?

"Oui, vous avez raison, c'est un changement énorme. Il y a cent ans, le pape se sentait comme un prisonnier du Vatican, comme on disait à l'époque, tandis que Jean-Paul II a voulu être présent dans l'Eglise globale, et je pense qu'il le faisait non seulement pour montrer sa présence papale aux Philippine, à Cuba, en Afrique, en Asie, mais aussi pour voir de ses propres yeux l'Eglise locale qui est tellement différente en Amérique du Sud ou en Europe de l'Est. "

Jean-Paul II,  photo: CTK
Est-ce que Jean-Paul II a réussi à changer, à moderniser, à actualiser l'image de l'Eglise catholique?

"A mon avis, cela dépend. Il a toujours vu l'Eglise sous cet angle global et il me semble qu'il a été souvent mal compris dans les pays développés ou plus exactement riches. Dans les pays riches, en Europe et en Amérique, il était très souvent perçu comme conservateur, mais je pense que c'est dû, au moins en partie, à sa vue globale des problèmes des chrétiens, en Afrique centrale, en Asie, qui sont tout à fait différents des vues des chrétiens allemands, français ou américains."

Revenons quand même à notre pays. Est-ce que son influence s'est fait beaucoup sentir dans notre pays dont les rapports vis-à-vis de l'Eglise catholique sont assez compliqués pour des raisons historiques?

"Le pape s'est montré comme un personnage vraiment international et à mon avis, son appréciation de la liberté était quelque chose qui a même touché nos compatriotes qui ne sont pas religieux. Le fait que, même pour l'Eglise, la liberté est une valeur de premier rang, c'est une nouveauté qui n'est pas généralement associée à l'Eglise catholique."

Jan Hus
On sait qu'il a osé aborder certains problèmes, par exemple, l'attitude de l'Eglise vis-à-vis du réformateur Jan Hus, brûlé vif pour hérésie lors du Concile de Constance en 1415.

"Oui, ce sont des projets individuels, parce que le Pape manifestait un énorme intérêt pour notre pays. Il a toujours cherché a montrer qu'il n'était pas seulement un pape polonais mais en même temps, disons, en premier lieu, un pape centre-européen. Et son effort pour éliminer les aversions historiques, par exemple, dans l'affaire de Jan Hus, à mon avis, a bien réussi. Je me rappelle d'une conférence au Vatican où étaient nos théologiens catholiques, protestants, hussites, et c'était une conférence qui a été très réussie de tout point de vue."