Vaclav Havel : on peut s'attendre à une révolte contre l'establishment

Vaclav Havel
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Vaclav Havel perçoit son actuel séjour de deux mois aux Etats-Unis comme une occasion de se concentrer et de se consacrer à l'écriture. L'ex-président tchèque l'admet dans une interview qu'il a accordée au supplément du quotidien Hospodarske noviny, avant son départ pour Washington. Alena Gebertova l'a lue pour vous.

Vaclav Havel écrit-il ou écrira-t-il une nouvelle pièce de théâtre ? La question accompagne l'ex-président tchèque depuis la fin de son mandat. Pour une fois, il donne une réponse moins évasive que d'habitude en expliquant que la pièce dont le thème le préoccupe depuis bien longtemps et qu'il aimerait écrire pendant son séjour américain, puise son inspiration dans le Roi Lear de Shakespeare. Une autre inspiration serait sa présence de quinze ans dans la grande politique qui lui a permis de « connaître beaucoup de politiciens qui, après avoir perdu leurs postes et le pouvoir, ont vu s'écrouler leur univers ». Dans ce contexte, Vaclav Havel avoue ne pas aimer écrire. « Le premier pas est toujours affreusement difficile. Mais dès que je m'y mets et que cela se passe bien, je me laisse envahir au point d'ignorer le monde qui m'entoure »... Plus loin, Vaclav Havel s'interroge sur la définition d'un intellectuel. « Si sous ce terme on entendait celui qui réfléchit sur les choses en les situant dans un large contexte et en leur donnant un nom, celui qui formule des avertissements et offre un regard décapant et non-conformiste sur le monde, je serais honoré de pouvoir me considérer comme un intellectuel », dit-il.

La politique occupe une place importante dans l'entretien que Vaclav Havel a accordé au quotidien Hospodarske noviny. Il s'est exprimé dans ses pages à propos du système politique tchèque qui est, selon lui, trop fermé : « Le système qui n'est pas ouvert, n'est pas démocratique ... Dans la première phase du postcommunisme, l'ancienne nomenklatura communiste s'est liée avec le milieu des affaires, suite à quoi des escrocs de toutes sortes l'emportaient souvent sur des gens honnêtes. La société ne veut le tolérer que pendant un certain temps, d'où sa volonté de purifier le système. Chez nous comme ailleurs on a vu naître différentes initiatives en vue d'établir une nouvelle culture politique, de chercher une autre alternative, ingénue ».

Même si Vaclav Havel a quitté le pays avant la culmination de la crise gouvernementale, les propos qu'il dit en conclusion semblent être d'une actualité on ne peut plus fraîche. Je cite : « La patience des gens est grande; si des changements surviennent chez nous - peut-être faudra-t-il attendre dix ans encore - ils se feront probablement en douceur et en velours. Je suis pourtant plutôt enclin à croire que nous pouvons nous attendre à un changement assez profond. A mon sens, les péripéties politiques grotesques que nous connaissons aujourd'hui ne peuvent que renforcer et faire approcher la révolte contre le présent establishment ».