En Bohême du nord, le long de la frontière tchéco-allemande, dans un fief communiste

Teplice
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Teplice est une ville de 50 000 habitants située à une heure de voiture au nord-ouest de Prague. Figurant parmi les plus anciennes stations thermales du territoire tchèque, Teplice est devenue au cours du XXe siècle un centre industriel où les verreries cotoyaient les acieries et les usines textiles. Aujourd'hui, le chômage y dépasse les 16%. Aux dernières élections locales, le Parti communiste a réuni plus du quart des voix.

Teplice
Iva Bartova a travaillé toute sa vie dans une usine de textile au centre de Teplice. Elle montre derrière elle d'énormes bâtiments vides, où parfois une moitié d'étage est occupée par une petite entreprise qui loue à bas prix d'anciens locaux abandonnés après la mise en faillite. Mme Bartova touche à peine plus de 7000 couronnes par mois maintenant qu'elle est à la retraite. Et lors des dernières élections, elle a choisi de voter pour le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSCM).

Jaromir Kohlicek a été élu plusieurs fois dans la région de Teplice ; depuis le mois de juin, il siège au Parlement européen avec cinq autres députés communistes. Il explique les raisons du succès rencontré par son parti dans la région :

Jaromir Kohlicek  (Photo : CTK)
« Il y en a deux, la permière est personnelle : les gens voient en nous la stabilité, nous n'avons pas changé cinq fois de parti. La deuxième, c'est la situation grave dans laquelle se trouve notre industrie : les gens disent qu'avant ils avaient plus de certitudes... »

Ambiance festive dans un square de Dubi, ville frontière à 3 km de Teplice. A l'écart des prostituées et des marchés à ciel ouvert, où les nains de jardin se vendent comme des petits pains aux voisins allemands, une centaine de personnes est réunie autour de bières et de saucisses pour un tournoi de billes organisé par le KSCM. Tomas Zika est l'un des organisateurs :

« Mon père a été membre du parti pendant des années, j'ai été élevé là-dedans, c'est donc une grande tradition qui perdure aujourd'hui. Pour moi c'est important d'être proche des gens, de travailler sur le terrain, ce qui est une des priorités de ce parti. Je n'ai pas vécu tout ce qui s'est passé dans le pays, je dis que je suis en quelque sorte un communiste moderne. J'essaie de dire ce qui est et surtout ce qui sera, d'apporter des choses aux gens maintenant sans se soucier de ce qui s'est passé il y a 50 ou 60 ans. »

Jaromir Kohlicek : « Il y a quelque 6% de notre électorat qui est formé de jeunes qui ont voté pour la première fois et qui sont opposés à ce régime. C'est très simple. »

La chanteuse du groupe qui anime l'après-midi était déjà venue chanter à Dubi l'année dernière. Elle a 35 ans et s'appelle Jana Berchova :

« On est venu jouer pour ces gens qui participent au tournoi de billes pour la deuxième fois à Dubi. Moi, je me sens proche des communistes. Je pense que je me portais mieux sous le communisme. Et mon père était communiste et l'est encore aujourd'hui, ça ne me gêne pas du tout. »

Marie Tomsikova est infirmière de formation. Le mois dernier, elle a perdu son emploi dans un cabinet privé. Lorsqu'on lui demande si elle va avoir des problèmes pour retrouver du travail, la réponse ne fait pas de doute :

« Certainement, je suis déjà allée au bureau de l'emploi. Avant j'ai travaillé dans un théâtre, dans un cybercafé, mais je gagnais 7200 couronnes brut par moi, à peu près 5600 net, et ça ne me suffisait pas pour vivre. Si on parle du communisme, pour moi cela représente mon enfance et j'ai eu une meilleure enfance que mes enfants, du point de vue sociale, du point de vue de la sécurité sociale. Donc aux prochaines élections, soit je voterai pour le KSCM soit je n'irai pas voter »

Jaromir Kohlicek : « Cette fête est organisée par les communistes pour tous les gens de Dubi. Il y a des électeurs communistes et des gens venus pour s'amuser - des électeurs potentiels... A Dubi nous avons une très bonne collaboration avec la mairie et nous participons assez activement parce que nous avons gagné plus de 25% aux dernières élections municipales. Nous pensons que la prochaine fois, notre résultat sera encore meilleur... »