Le président de la République prié de calmer ses ardeurs sur la scène internationale
Le nouveau gouvernement tient à marquer son territoire. En politique étrangère, le Premier ministre souhaite désormais que la voix de la République tchèque soit celle de son gouvernement et non celle de son Président, connu pour ses prises de position souvent radicales.
« Il serait bon que Monsieur le Premier ministre étudie soigneusement la Constitution de la République tchèque ». C'est par ces mots, prononcés par son porte-parole, que le président de la République, Vaclav Klaus, a réagi aux propos de Jiri Paroubek sur le rôle du chef de l'Etat, des propos dont nous vous parlions déjà dans notre précédente émission.
Le débat n'est pas neuf à Prague où, depuis la Révolution de velours puis la rédaction de l'actuelle constitution, les conflits entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement n'ont pas été rares. Et s'il y a bien une seule chose que les deux présidents de la République tchèque post-communiste ont en commun, comme le note MF Dnes, ce sont bien ces relations tumulteuses avec les différents gouvernements en fonction durant leur mandat. Ces conflits ont d'ailleurs opposé personnellement les deux Vaclav, Havel et Klaus, lorsque le premier occupait le Château et le second dirigeait le gouvernement de la République tchèque indépendante.
Le problème revient aujourd'hui avec d'autant plus d'acuité qu'avec un gouvernement hétéroclyte affaibli par des tensions internes, le débat sur la Constitution européenne a jusqu'ici été monopolisé par Vaclav Klaus, dont on connaît l'aversion pour ce texte.
Sans aller jusqu'à qualifier les positions du Président de « xénophobes » ou de « fascisantes » comme l'ont fait certains médias - dont des médias français - le Premier ministre Jiri Paroubek préfère dire qu'il s'agit là d'un cas exceptionnel, auquel il ne faut pas donner plus d'importance qu'il en a en réalité :« Parmi les plus hauts représentants des pays de l'UE, parmi les gens suffisamment informés sur ce texte, c'est plus une situation exceptionnelle qu'autre chose. La prise de position de notre Président de la République est unique, aucun des dirigeants actuels n'est contre ce texte. C'est aussi la raison pour laquelle je me déplace pour voir comment cela se passe à l'étranger. »
La tension entre le Château et l'Académie Straka (siège du gouvernement), montée d'un cran ces dernières heures, pourrait cependant rapidement redescendre si les Français rejettent la Constitution, dimanche prochain. La ratification du texte n'aura de toute évidence plus la même importance à Prague.