Examens de langue pour un permis de résidence tchèque : ça se corse
Pour se voir délivrer un permis résidence permanente en République tchèque, les étrangers originaires de pays hors Union européenne doivent se confronter à un examen de langue tchèque. Le gouvernement prépare en ce moment une nouvelle loi pour complexifier les tests ainsi que rendre les contrôles plus stricts et lutter contre de potentiels tricheurs. Son principal argument ? Concernant le niveau de langue, la République tchèque est le pays le moins exigeant d’Europe.
Certains, comme Pierre, tout droit venu du Panama, font preuve d’efforts intenses pour apprendre la langue locale :
« J’ai pris des cours intensifs pendant au moins quatre semaines et j’ai beaucoup appris. Il y a une certaine logique là-dedans. Ce qui est compliqué pour moi et pour le reste de mes camarades de classe, sans doute aussi pour tous les étrangers, c’est qu’il y a tellement d’exceptions dans la langue que c’est très difficile à saisir. On y vient à bout à grands renforts de mémorisation de certains mots et termes. »
Si Pierre apprend le tchèque par intérêt, pour beaucoup, c’est une phase nécessaire afin d’obtenir un permis de résidence permanente. Pour obtenir le document qui donne accès à l’assurance de santé publique et permet de bénéficier des services sociaux, les étrangers venus d’Etats extérieurs à l’Union européenne doivent notamment passer un test de langue tchèque.
La professeure Kristýna Horáčková du Centre de formation linguistique tchèque de Prague fait partie de ceux qui aident les candidats à préparer leurs examens.
« Les personnes qui veulent obtenir un permis de résidence doivent réussir un examen de niveau A1. Pour le moment, il a un format assez semblable à l’examen anglais. Il y a donc une partie lecture, écoute, rédaction et bien sûr, expression orale. Chaque partie dure entre 20 et 30 minutes, ce qui est plutôt chronophage. »Néanmoins, cette version des examens ne sera bientôt même plus valable, car le gouvernement se penche en ce moment sur une nouvelle législation qui cherche à porter le niveau de compétence en tchèque nécessaire à l’échelon A2. Cette nouvelle mesure devrait entrer en vigueur courant 2021.
Selon le ministère de l’Education, plutôt qu’être une décision discriminatoire, rehausser le niveau de langage requis permettra aux détenteurs de permis de résidence d’acquérir les connaissances nécessaires à leur intégration dans la société et le monde du travail.
La professeure Kristýna Horáčková approuve cette idée et ajoute que cela permettra de donner plus de valeur au permis de résidence. Cependant, elle précise que ce nouveau standard pourrait poser des difficultés à certains apprenants.
« Aujourd’hui, le niveau A1 n’est pas facile en soi, mais faisable si vous apprenez et travaillez assidument. Pour les personnes ne parlant pas de langues slaves, ce sera plus compliqué mais il est tout à fait possible de s’en sortir. Toutefois, le niveau A2 posera un défi même aux slavophones et pour les autres, j’ai bien peur que cela représente un plus gros problème. »
Lorsque l’on demande à Pierre ce qu’il en pense en tant qu’apprenant, il répond que ça devrait bien se passer mais souligne les problèmes que certains pourront rencontrer.« Si, disons, vous êtes une personne qui n’a pas les moyens ou le temps de se consacrer à l’apprentissage du tchèque jusqu’à atteindre le niveau A2, cela vous portera préjudice pour obtenir votre permis de résidence ici. »
Ce ne sont pas seulement des tests plus compliqués que le gouvernement a pour projet d’instaurer, mais aussi des règles d’examen plus strictes. Par exemple, les officiers de police seront autorisés à surveiller le test pour empêcher la triche.
Enfreindre les règles ou ne pas se présenter à la date de l’examen aura valeur éliminatoire et lesdits candidats devront s’acquitter d’une somme de 2 500 couronnes tchèques pour une réinscription.