Dans l’appartement du biographe d’Elvis et fondateur du Prague Post

Photo: Alexis Rosenzweig

Originaire des Etats-Unis, Alan et Valerie Levy ont vécu à Prague de longues années, d’abord à la fin des années 1960 puis après 1989, quand Alan a fondé le journal The Prague Post. Biographe de personnalités comme Elvis Presley ou Sophia Loren, Alan Levy était à l’origine venu à Prague pour travailler entre autres avec Miloš Forman.

Alan Levy photographié par Sophia Loren
Accusé d’espionnage par le régime communiste, comme son épouse et ses deux filles, il a dû les emmener vivre à Vienne et attendre la révolution de Velours pour revenir à Prague, où il est mort en 2004. Après le décès de Valerie Levy cette année, leur fille et petite-fille, Monica et Mélina, sont venues de France pour vider leur appartement pragois et faire le tri dans des archives familiales foisonnantes. Petite visite pendant leur récent séjour dans le quartier de Libeň.

Monica : « Mon père est décédé en 2004 ; ma mère en février dernier. Il faut qu’on trie un peu tout pour pouvoir vendre l’appartement. Donc choisir ce qu’on garde et ce qu’on essaie de donner. Ce sont surtout des souvenirs d’enfance que j’ai envie de conserver et puis quelques livres et documents importants. »

Avez-vous des souvenirs de votre enfance à Prague ?

Monica : « Oui, nous habitions près du Château et je me souviens du parc où on allait jouer avec ma sœur. Je me souviens aussi du char soviétique à Pohořelec le jour de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968. »

L’écrasement du Printemps de Prague et la normalisation a provoqué deux ans après votre départ précipité pour Vienne. Vous en souvenez-vous ?

Monica : « Oui, très bien. Nous avons eu 48h pour partir sinon mon père allait être condamné à 5615 ans de prison ! Ma mère a été accusé de complicité et même ma sœur et moi avons été accusées d’espionner pour le compte de notre père et de nous faire des amis dans ce but sur les aires de jeu…On avait 6 et 7 ans et nous sommes devenues les deux plus jeunes espionnes expulsées de Prague. C’est assez traumatique comme souvenir parce qu’on n’avait pas réussi à partir dans les délais ; on a pris un train de nuit pour Vienne avec nos affaires et j’avais peur qu’on nous arrête. »

Mélina, avez-vous retrouvé dans ce logement des objets particuliers que vous voudriez garder?

Mélina : « Il y a beaucoup d’objets qui m’ont touchée. D’abord tout simplement les livres, notamment tous ceux écrits par mon grand-père Alan Levy, traduits dans plusieurs langues, dont sa biographie de Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis, celle de Sophia Loren et celle d’Elvis aussi. J’aimerais garder le maximum de choses… Il y a une machine à écrire ici de marque Consul. Il y a aussi des photos, dont cette photo de mon grand-père prise par Sophia Loren retrouvée par hasard ! »

Avaient-ils beaucoup d’amis à Prague ?

Monica : « Oui, beaucoup d’amis dans le milieu artistique quand ils sont arrivés en 1967. Mon père a travaillé à l’origine sur une adaptation des œuvres de Jiří Suchý et Jiří Šlitr et puis aussi pour travailler sur le scenario d’un film de Miloš Forman, mais cela ne s’est pas fait car Forman a émigré. »


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