La légende de l’underground tchèque, les Plastic People of the Universe, se sépare
C’est un groupe de légende qui a annoncé sa séparation : les Plastic People of the Universe, formation de rock underground, interdite par le régime communiste et à l’origine de la création du mouvement d’opposition démocratique de la Charte 77, se scinde en deux entités distinctes. Avec à la clé une dispute pour savoir lequel de ces deux nouveaux groupes peut prétendre à l’utilisation du nom d’origine.
« L’underground tchèque est une entité, un mouvement, un cercle de personnes, d’amis qui se rassemblent autour d’un groupe de rock qui s’appelle les Plastic People of the Universe et qui s’est formé à la fin des années 1960. En août 1968, les chars du Pacte de Varsovie sont arrivés en Tchécoslovaquie. A partir de ce moment le régime de la normalisation a été instauré. Cela a signifié pour les groupes de rock en général et en particulier pour les Plastic People of the Univers, une forme de liquidation du droit de jouer librement comme cela était possible avant l’invasion des chars. Les Plastic People se sont retrouvés marginalisés, interdits de jouer. Autour de ce groupe qui pratiquaient une musique psychédélique et alternative, se sont rassemblés d’autres artistes et intellectuels notamment celui qui est devenu leur directeur artistique, Ivan Martin Jirous et qui est devenu ensuite l’idéologue de l’underground. »
Leur arrestation en 1976 donnera lieu à une campagne de défense de leur droit à jouer et à s’exprimer, à l’initiative du dissident et dramaturge Václav Havel, et à la formation du mouvement de la Charte 77, revendiquant l’application des libertés fondamentales en Tchécoslovaquie. Les membres de ce mouvement dissident qui naît de la Charte seront tous surveillés, persécutés pendant toutes les années suivantes jusqu’à la Révolution de velours de 1989.C’est donc un véritable symbole de la dissidence tchèque qui semble voué sinon à disparaître, en tout cas à être reconsidéré. L’histoire du groupe elle-même est jalonnée d’arrivées et de départs, mais depuis la mort du leader Milan Hlavsa en 2001, il restait un noyau dur, garant des origines du groupe, comme le rappelle Ivo Pospíšil, contemporain de la création du groupe des Plastic People et fondateur d’un autre groupe appelé Garáž :
« Pour moi, les Plastic People, c’était avant tout Milan Hlavsa. Quand il est décédé, j’ai cessé de suivre les activités du groupe, même s’ils sont restés mes amis. Pour moi, les Plastic People, c’étaient ceux qui étaient restés : le pianiste Josef Janíček, le saxophoniste Vratislav Brabenec et le violoniste Jiri Kabeš. Tous les autres membres qui sont allés et venus n’étaient là qu’en accompagnateurs de ces trois-là. »L’annonce officielle de la séparation du groupe porte un coup dur à l’existence des Plastic People, même si les problèmes semblent présents de longue date, avec le départ progressif depuis l’automne dernier de plusieurs membres.
Aujourd’hui, les Plastic People ne sont plus, et deux formations sont nées de cette scission : la première, « PPU/New generation », sera conduite par Jiří Kabeš, qui a rejoint le groupe dans les années 1970. Vratislav Brabenec et Josef Janíček conduiront pour leur part la deuxième entité, appelée « Second PPU ». Ivo Pospíšil, pour sa part, se veut optimiste et espère que cette annonce n’est qu’un rebondissement dans l’histoire mouvementée du groupe :
« Le groupe Plastic People s’est déjà séparé plusieurs fois, et à chaque fois, les membres fondateurs ont fini par revenir et se reformer. Le fait que Josef Janíček et Vratislav Brabenec aient leur groupe et que Jiri Kabeš ait le sien, je pense que ça ne fera pas long feu. Après tout, Josef et Vratislav ont plus de poids ensemble. Et si Jiří réfléchit bien, il finira par revenir. »