La Tchéquie ne peut se passer de ressortissants étrangers
Le nombre de ressortissants étrangers en République tchèque n’a de cesse de croître. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse. A son menu également quelques réactions au traité signé à Aix-la-Chapelle par Emmanuel Macron et Angela Merkel. Les téléphones mobiles à l’école sera un autre sujet traité. Il sera aussi question du Brexit et de certaines de ses retombées pour les Tchèques et de l’état de l’environnement en Tchéquie.
« Un retour en arrière est peu probable, voilà pourquoi les Tchèques sont appelés à porter désormais un autre regard sur les ressortissants étrangers. L’année dernière, ils étaient près de 560 000 à s’être engagés sur le marché du travail local, ce qui est le plus grand nombre enregistré depuis 2008. Ces données confirment ce que l’on peut voir dans la vie quotidienne, sur des chantiers, dans des établissements sanitaires, dans des magasins ou dans les villes industrielles. Parmi les travailleurs étrangers, ce sont les Slovaques, les Ukrainiens et ceux venant d’autres pays de l’Europe de l’Est qui prédominent. »
La conviction selon laquelle on pourrait se passer de la présence de ressortissants étrangers s’avère ainsi fausse. D’après le magazine Respekt, certains emplois ne représentent plus pour la population tchèque aucune attractivité, soit parce qu’ils sont trop pénibles, soit parce qu’ils sont mal payés. En raison d’un taux de chômage très bas et du vieillissement de la population, il faut alors compter sur le fait que même à l’avenir, le pays aura besoin de ressortissants étrangers et que leur nombre continuera à s’accroître. En conclusion, le texte indique :
« Il est étonnant qu’en dépit de la nécessité rationnellement justifiée de se pencher sérieusement sur la question de l’immigration, le débat s’y rapportant demeure en Tchéquie, en grande partie, dans les mains des démagagogues qui affirment que tout ce qui est étranger est suspect. Une ouverture des frontières gérée de manière raisonnable, notamment pour accueillir des travaillers qualifiés, se présente ainsi comme une solution qui peut profiter à la Tchéquie. »
Le traité Macron-Merkel vu de Tchéquie
La signature par le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, à Aix-la-Chapelle, d’un nouveau traité en vue de renforcer la coopération entre les deux pays a soulevé des réactions controversées sur la scène politique tchèque et, aussi, dans les médias. Le site aktualne.cz, par exemple, a remarqué à ce propos :« L’Union européenne doit être plus forte, elle doit s’affirmer et se manifester sur la scène internationale comme ayant une force commune. On peut bien comprendre que c’est le ‘moteur de l’UE’, la France et l’Allemagne, qui s’en charge... Se débarrasser des craintes, ne pas s’enfermer, retrouver de l’aplomb : telle est la position que la Tchéquie devrait prendre à cet égard. Il se peut que le nouvel accord ne fonctionne pas ce qui serait d’ailleurs regrettable. Une chose est toutefois certaine, c’est qu’il ne nous menace pas et qu’il ne s’agit pas de la naissance d’un super Etat. »
Le site lidovky.cz met pour sa part en relief la coïncidence de la date de la signature de cet accord avec celle du Traité de l’Elysée. Une occasion de souligner que tandis que ce dernier, signé il y a 56 ans, constituait un événement charnière, celui d’aujourd’hui ne l’est pas car « l’Europe à plusieurs vitesses est depuis longtemps déjà une réalité »... L’auteur d’une analyse publiée sur le site de l’hebdomadaire Reflex a indiqué à ce propos :
« Le traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle n’a pas une importance particulière pour la République tchèque, car il n’aura pas d’impact sur nos intérêts nationaux. Mais bien qu’il implique seize pages sans importance, on ne saurait l’ignorer. Nous devons tenir compte de ce que la France et l’Allemagne sont des alliés importants et nos grands partenaires commerciaux. Hélas, c’est ce que certains politiciens tchèques ne font pas, préférant regarder vers la Russie et la Chine. Or, il faut se demander si ce nouvel accord peut influencer d’une manière ou d’une autre notre alliance européenne. Mais la réponse semble plutôt négative. »
Interdire ou autoriser l’utilisation des téléphones portables à l’école ?
« L’interdiction des téléphones portables que nous avons mise en application s’est avérée être une bonne solution ».« L’école ne peut pas rivaliser avec l’utilisation des téléphones portables à la maison, voilà pourquoi leur interdiction ne sert à rien ». C’est par ces deux argumentations contradictoires émises par les pédagogues de deux établissements scolaires de Prague que l’auteur d’un article publié dans le quotidien Lidové noviny illustre le débat qui se tient actuellement en Tchéquie et qui porte sur l’interdiction des portables à l’école. Il écrit :« Ces deux approches reflètent la situation difficile de l’enseignement tchèque. Les enseignants se plaignent de ce qu’ils doivent quotidiennement mener un combat inégal pour attirer l’attention des enfants munis de téléphones portables, de tablettes et de montres intelligentes. Mais il ne s’agit pas seulement d’élèves de plus de 10 ans pour qui Internet est nécessaire, mais aussi de deux tiers des enfants tchèques qui reçoivent leurs premiers téléphones entre 3 et 6 ans. Pourtant, pour l’instant, la législation tchèque n’envisage aucune démarche pour changer la donne ne serait-ce qu’à l’école primaire. C’est donc aux directeurs ou aux pédagogues de décider si et comment les enfants peuvent utiliser les téléphones portables en classe et de s’entendre avec eux sur des compromis. »
Martin Jan Stránský, neurologue et médiateur publique pour la santé, est plus catégorique. Dans une lettre ouverte citée par le journal et concernant ce problème brûlant de l’enseignement tchèque, il constate que « l’interdiction des téléphones portables à l’école est une question d’ordre neurologique qui n’a rien à voir avec la prise de telle ou telle position ». Voilà pourquoi elle constituerait une démarche logique.
Après le Brexit
« Comment survivre au Brexit ? », s’interroge le quotidien Mladá fronta Dnes de jeudi qui se penche sur ce que le 29 mars prochain, date prévue de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, signifiera pour les Tchèques. Ces derniers sont près de 40 000, voire jusqu’à 100 000 selon certaines estimations, à y vivre à l’heure actuelle. Le journal évoque dans ce contexte l’adoption, ce mercredi, par la Chambre des députés du projet de loi appelé « Lex Brexit » qui doit permettre à quelque 8 000 ressortissants britanniques qui vivent et travaillent en République tchèque de bénéficier des mêmes droits que ceux des pays membres de l’UE, et ce pour une période transitoire qui s’achèvera fin décembre 2020. Un geste qui, de l’avis de l’auteur du texte, devrait être suivi d’une démarche analogue du côté britannique. En ce qui concerne les programmes d’échanges étudiants sur lesquels le Brexit aura également un impact, il précise :« Il y a près de 600 étudiants tchèques qui se rendent chaque année au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus, ce pays étant la quatrième destination la plus sollicitée par ces jeunes. Cette année, ils bénéficient des mêmes conditions que précédemment, tandis que celles des années à venir seront probablement sujettes à négociations. »
Le journal Mladá fronta Dnes fait également part de la liaison aérienne hors du commun entre Prague et Londres qui est desservie par neuf compagnies.
Les Tchèques se disent satisfaits de leur environnement
Selon les derniers sondages, la majeure partie de la population tchèque considère la situation de l’environnement en Tchéquie, contrairement à ce qu’elle estimait il y a cinq ans encore, comme satisfaisante. Toutefois, en dépit des progrès accomplis dans certains domaines, le pays continue à souffrir de nombreux problèmes écologiques. Le journal en ligne Deník Referendum a précisé à sujet :« La pollution de l’air par la combustion du charbon et du pétrole, la sécheresse, la pénurie d’eau dans le paysage, le mauvais état des forêts, autant de problèmes écologiques auxquels la République tchèque fait face. Les responsables doivent s’occuper prioritairement de la mauvaise qualité de l’air car, selon les statistiques européennes, elle serait responsable du décès de près de 11 000 personnes par an, un chiffre qui est supérieur au nombre de victimes des accidents de la route. Quant à la sécheresse qui a été particulièrement marquante au cours de l’année écoulée, elle est la cause d’une mauvaise récolte et de la hausse des prix de certains produits alimentaires, tout en contribuant à la détérioration et à l’affaiblissement des forêts tchèques. Cela concerne notamment la qualité des conifères qui est une des plus basses à l’échelle européenne. »
Le journal constate que des solutions à certains problèmes écologiques existent, sauf qu’il est souvent difficile de les imposer au niveau politique.