Les poissons victimes, eux aussi, de la sécheresse en Tchéquie

L'étang de Nesyt, photo: Igor Zehl/ČTK

Plus de 100 tonnes de poissons, essentiellement des carpes, sont morts dans l’étang de Nesyt, dans le sud de la Moravie. Dû à la sécheresse qui sévit en République tchèque comme dans le reste de l’Europe depuis plusieurs semaines, ces pertes sont les plus graves du genre enregistrées depuis dix ans. Dans d’autres régions du pays aussi, les pisciculteurs s’inquiètent et mettent en place des opérations de sauvetage.

L'étang de Nesyt,  photo: Igor Zehl/ČTK
Situé au cœur d’une réserve naturelle, à proximité du site historique de Lednice-Valtice, Nesyt est le plus grand étang en Moravie et le septième plan d’eau en République tchèque. Sa superficie s’élève à 300 hectares, mais en raison du déficit hydrique, quelque 3 millions de mètres cubes d’eau manquent actuellement, entraînant une baisse du niveau de l'eau dans le bassin de 180 centimètres. Chaque jour, l’équivalent d’un centimètre d’eau s’évapore de Nesyt pour céder la place à un terrain boueux recouvert des cadavres de milliers de poissons. Il ne reste ainsi plus qu’un tiers des 150 000 poissons qui vivaient dans ses eaux : le bilan définitif de la catastrophe, survenue en fin de semaine dernière, ne sera connu qu’à l’automne prochain, lorsque l’étang sera vidé.

Depuis quatre jours, les pisciculteurs de la société Rybářství Hodonín, qui gère l’étang, s’évertuent à ramasser les poissons morts. Il faut agir rapidement : les températures dans la région continuent d’avoisiner les 30 °C et la chaleur favorise la décomposition des corps des poissons. Responsable de la réserve naturelle de Pálava, Vlastimil Sajfrt s’inquiète de l’évolution de la situation :

« Certains cadavres descendent au fond de l’étang et ne seront pas récupérés. Ils pourraient entraîner l’apparition d’un botulisme qui menacerait alors fortement les oiseaux, notamment les mouettes. »

Le déficit d’eau dans l’étang a eu pour conséquence une oxygénation insuffisante, fatale aux poissons qui sont morts asphyxiés. Une conséquence de la sécheresse qu’il est difficile de prévenir, comme l’explique Alois Kopečný de la société Rybářství Hodonín :

« Nous n’avons rien pu faire pour sauver les poissons. En période de canicule, les éleveurs arrêtent généralement de nourrir les poissons, ce que nous avons fait aussi il y a une quinzaine de jours de cela. Nous procédons actuellement à l’oxygénation de l’eau, mais cela n’aurait rien changé à la situation. Les poissons sont morts à un kilomètre du bord de l’étang, alors que les appareils d’oxygénation aident un tout petit peu, à proximité immédiate de l’endroit où ils sont placés. »

Partout dans le pays, les éleveurs de poissons constatent un assèchement des plans d’eau et mettent en place des mesures préventives, comme le confirme Roman Osička de l’entreprise Rybníkářství Pohořelice, également en Moravie du Sud :

« Le déficit d’eau nous pose de sérieux problèmes. Tous les jours, nous procédons à des analyses chimiques de sa qualité. Nous avons évacué les poissons de plusieurs étangs. Certains ont même été complètement vidés. »

Les pisciculteurs sont unanimes : seule la pluie pourra remédier à la situation. Or, sur ce point, les météorologues sont plutôt pessimistes : selon leurs prévisions, la vague de chaud devrait se poursuivre sur la République tchèque pendant les semaines à venir. Enfin, la sécheresse actuelle aura des retombées également sur la saison hivernale : le prix de la carpe, plat traditionnel du réveillon de Noël en République tchèque, pourrait augmenter de 10 %.