Sommet du V4 : Andrej Babiš solidaire de ses collègues centre-européens sur l’immigration
Les chefs de gouvernement des quatre pays du groupe de Visegrád et de l’Autriche étaient réunis jeudi à Budapest pour évoquer en premier lieu leur thème favori : la lutte contre l’immigration illégale. A une semaine du sommet des Vingt-Huit où la question des migrations doit être centrale, les dirigeants centre-européens, opposés à l’accueil des réfugiés, ont arrêté une position commune : ils ne se rendront pas dimanche au mini-sommet informel convoqué à Bruxelles sur le même sujet.
« Je ne sais pas où les médias sont à nouveau allés chercher l’information selon laquelle nous n’irions pas à tel endroit. Je suis toujours surpris par ce que vous parvenez à m’apprendre ; vous pourriez essayer de me demander la prochaine fois. Je ne sais pas pourquoi la Télévision tchèque annonce que nous n’allons pas à Bruxelles. Nous avons reçu l’invitation et il est clair que je vais m’y rendre, même si cela concerne évidemment d’abord les Etats qui sont en première ligne face à l’arrivée de migrants illégaux. »
Bruxelles a annoncé la tenue d’un mini-sommet le dimanche 24 juin, pour préparer le véritable sommet européen prévu la semaine prochaine sur les migrations et la réforme de la politique européenne en matière d’asile. Tous les Etats de l’UE ont reçu une invitation pour la rencontre informelle mais seulement une dizaine d’entre eux devraient y participer. Le mini-sommet est en effet surtout perçu comme un moyen de venir en aide à la chancelière allemande Angela Merkel, qui demande une répartition européenne de l’accueil des migrants, en difficulté face à l’aile droite de son parti CSU, qui refuse catégoriquement cette solution.
Pour les pays du groupe de Visegrád, il est très probable que ce mini-sommet, « inacceptable » d’après le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, promeuve des solutions qu’ils combattent depuis le début, notamment celle des quotas d’accueil. Les dirigeants centre-européens ont donc décidé de le boycotter, et parmi eux Andrej Babiš, qui a été contraint à un périlleux rétropédalage :
« Il n’y a pas de raisons qui justifient d’aller à un sommet où seront probablement adoptées des conclusions avec lesquelles nous sommes en désaccord. C’est par exemple le cas sur la question du rôle de l’agence Frontex. »
Leur invité du jour, l’Autrichien Sebastian Kurz, à la tête d’un gouvernement conservateur et d’extrême-droite, ira bien à Bruxelles dimanche. Mais le jeune Premier ministre, dont le pays prend en juillet la présidence du Conseil de l’UE, partage largement les positions du groupe de Visegrád sur la façon d’envisager la question de l’immigration illégale. Il conviendrait selon eux de gérer le problème hors des frontières de l’Union européenne et d’empêcher les candidats au départ de quitter les pays nord-africains.
Sebastian Kurz défend notamment un renforcement des forces allouées à Frontex, l'Agence européenne de garde-côtes et garde-frontières. Sur ce point, Andrej Babiš apporte un bémol. Selon lui, tout cela ne sert à rien si l’agence ne dispose pas de prérogatives renforcées :« Nous disons clairement que, si nous devons augmenter le nombre de membres de l’agence Frontex de 600 à 10 000, alors il faut modifier ses compétences. Il n’est pas possible de lui allouer 100 millions d’euros seulement pour qu’elle fasse des statistiques sur les migrants illégaux au lieu de combattre les passeurs. »
Muet sur la question de l’accueil des personnes déjà arrivées sur le sol européen, le groupe de Visegrád a bien l’intention de présenter et de défendre ses positions jeudi et vendredi prochains lors du sommet des Vingt-Huit à Bruxelles.