Lenka Horňáková-Civade expose ses fragments de Bretagne à Plzeň
Lenka Horňáková-Civade est écrivaine et peintre. Né à Prostějov en Moravie, elle vit en France depuis une vingtaine d’années avec sa famille. Si aujourd’hui elle attire l’attention par son travail de romancière, écrivant contre toute attente en français, c’est la peinture qui a toutefois été longtemps sa marque de fabrique. Du 6 au 29 mars, la galerie de la Maison de l’Europe, à Plzeň, propose une exposition de son travail intitulée Fragments de Bretagne. Lenka Horňáková-Civade en a dit plus au micro de Radio Prague.
Je voulais justement vous demander comment vous travaillez sur vos peintures ? A l’ancienne, en vous installant sur le lieu de votre choix ? Avec des photos ? Mais vous aviez l’air de dire qu’en fait vous engrangez vos impressions et ensuite vous travaillez dans votre atelier…
« J’ai l’impression qu’il y a des motifs qui sont très beaux pour être photographiés, d’autres qui méritent d’être saisis par les mots, et d’autres reviennent en images, comme des souvenirs, comme quelque chose de précis et imprécis à la fois. Avec la peinture, j’ai toujours du mal à mettre des mots. C’est vraiment un domaine où je suis muette dans le sens où ce sont les mains qui travaillent. Ça ne passe pas du tout par le même canal que l’écriture. Je dirais même que c’est un autre cerveau qui se met en route – ou presque en sommeil, pour le geste, pour une rencontre avec la matière. C’est très physique, la peinture. C’et le toucher, la matière, c’est avoir les mains sales, et c’est être dans mon atelier, que je ne range jamais mais où je sais où se trouvent les choses. »Vous avez beaucoup travaillé sur des paysages de Provence, mais aussi la Bretagne. Avez-vous abordé aussi les paysages de votre pays d’origine ?
« Non, c’est quelque chose qui reste encore probablement à redécouvrir. Mais je ne sais même pas. Quand j’arrive dans ma ville natale, j’adore aller marcher à la campagne pendant des heures, je me régale, mais je ne sais pas si j’ai envie de partager ça. C’est quelque chose de très égoïste, je suis d’accord. Mais ça va ressortir à un moment donné peut-être, je ne sais pas par quel moyen, et je vais me laisser surprendre. »Vous avez la double casquette de peintre et d’écrivaine, que trouvez-vous dans la peinture qui vous manque dans l’écriture et inversement ?
« Je ne fais pas de comparaison, ni de choix. Vraiment, j’ai cette très nette impression que ce n’est pas le même cerveau qui fonctionne, pas la même personnalité. C’est autre chose. Je pense que parfois je peux dire exactement la même chose dans les deux activités. Qu’on le trouve ou pas, ça m’est égal. Mais ça vient de l’intérieur. Je dis ce que j’ai à dire et je peins ce que j’ai à peindre. Ça peut avoir l’air banal à dire mais je ne sais pas comment l’exprimer autrement. »