Avec Jan Hamáček, la social-démocratie tentera de renaître de ses cendres
Le parti social-démocrate, à savoir le principal parti de gauche sur l’échiquier politique tchèque, s’est doté, dimanche, d’une nouvelle direction. Il en avait grandement besoin, après la gifle infligée par les électeurs : 7,27% des suffrages, tel est le piètre score obtenu par ce parti traditionnel, vieux de 140 ans, aux élections législatives d’octobre dernier. Avec son nouveau président, le quadragénaire Jan Hamáček, les sociaux-démocrates vont donc devoir relever de multiples défis. Le premier, et pas le moindre, est le débat avec le grand concurrent du ČSSD, le mouvement ANO, sur la formation d’un nouveau gouvernement.
« J’ai dirigé deux campagnes électorales de la social-démocratie et les deux campagnes ont été couronnées de succès. La nouvelle direction du parti fonctionnera de la même façon que ces équipes de campagne : nous apporterons au parti une nouvelle énergie. »
Précisons bien que Jan Hamáček, 39 ans, n’est pas un inconnu sur la scène politique locale. Traducteur de l’anglais et francophone, il a d’abord travaillé pour l’entreprise Škoda Auto, avant de devenir député ČSSD à partir de 2006 et, sept ans plus tard, le plus jeune président de la Chambre des députés dans l’histoire de la République tchèque. Depuis la débâcle de son parti aux élections législatives, Jan Hamáček, occupe le poste de vice-président de la Chambre basse du Parlement. Les journalistes sont nombreux à comparer Jan Hamáček à son proche collaborateur Bohuslav Sobotka, ancien Premier ministre social-démocrate qui a quitté la présidence du parti il y a sept mois, alors que le ČSSD était déjà en chute libre dans les sondages des intentions de vote avant les élections législatives.
Tout comme Bohuslav Sobotka, Jan Hamáček est un homme politique plutôt discret, peu connu, pour l’instant, du grand public. Les médias soulignent toutefois qu’il s’agit d’un négociateur expérimenté capable d’unir et de trouver des compromis. Des qualités qui sont un atout incontestable dans la situation actuelle, où la social-démocratie a décidé d’ouvrir des négociations sur la constitution d’un gouvernement avec le vainqueur des législatives, le mouvement ANO d’Andrej Babiš. Celui-ci, bien que fortement soutenu par le chef de l’Etat Miloš Zeman, n’a pas pour l’instant réussi à trouver de partenaires sur la scène politique, que ce soit pour la formation d’une coalition gouvernementale, ou pour un soutien à un gouvernement minoritaire.Pour Jan Hamáček, la tâche principale consiste donc à regagner la confiance des centaines de milliers d’électeurs perdus. C’était d’ailleurs son principal argument pour soutenir, encore avant son élection à la tête du parti, la future collaboration du ČSSD avec Andrej Babiš et son mouvement ANO :
« Promouvoir son programme, telle est la raison d’être de chaque parti politique. Si nous restons dans l’opposition, nous serons obligés de voter à la Chambre des députés contre notre propre programme ! Car le mouvement ANO a repris le programme de la social-démocratie. Nous ne pouvons pas nous opposer à l’augmentation des pensions de retraite ou à la hausse du salaire minimum. Si l’on reste dans l’opposition, les électeurs nous mettront dans le même ‘paquet’ que le parti TOP 09 et l’ODS. Pensez-vous vraiment qu’ils reviendront vers nous ? Si nous voulons construire de nouveaux logements, réformer le système de mise en faillite pour endettement et rendre le système fiscal plus équilibré, nous devrions réfléchir à notre participation au gouvernement. »
Politologue et commentateur du serveur Deník referendum, Patrik Eichler ne partage pas l’avis du nouveau leader de la social-démocratie. On l’écoute :« J’estime que le parti devrait surtout se concentrer sur son fonctionnement et sur les préparatifs des élections municipales de l’automne prochain. Ceci devrait constituer sa priorité et non pas les négociations sur la formation du gouvernement. Je pense même que ces débats vont plutôt l’épuiser que lui rapporter des voix d’électeurs. »
En effet, dans sa nouvelle fonction de chef du ČSSD, Jan Hamáček aura plus d’un chat à fouetter. Un autre défi auquel il sera confronté est la stabilisation du parti social-démocrate, miné par des divisions internes depuis plusieurs années…