Les sociaux-démocrates participeront au gouvernement de coalition avec le mouvement ANO
Ce vendredi après-midi le leader du parti social-démocrate, Jan Hamáček, doit rendre officiellement publics les résultats du référendum interne sur la participation ou non du ČSSD à un gouvernement de coalition avec le mouvement ANO. D’après les premières estimations non-officielles toutefois, il est déjà presque acquis que le « oui » l’a emporté.
C’est par ces mots qu’il y a plus d’un mois, le président du parti social-démocrate, Jan Hamáček, a appelé les membres de son parti à s’exprimer sur l’avenir politique immédiat du ČSSD, soit plus clairement : rester dans l’opposition ou revenir aux affaires en participant à un gouvernement de coalition avec le vainqueur des dernières élections législatives, le mouvement ANO.
Rien de tout cela n’est en effet une évidence, puisque le parti social-démocrate, déjà partenaire d’ANO dans un précédent gouvernement de coalition, a connu une déroute électorale sans précédent en octobre dernier, recueillant seulement 7,3% des suffrages. Le mouvement d’Andrej Babiš, pour sa part, les a certes remportées haut la main avec près de 30% des voix, mais n’a toujours pas été capable de former un gouvernement viable, le précédent n’ayant pas obtenu la confiance du Parlement.
En outre, la possibilité de former un gouvernement minoritaire avec le mouvement ANO a suscité de fortes dissensions au sein du parti social-démocrate. D’une part en raison des poursuites judiciaires pour fraude présumée aux subventions européennes dont fait l'objet Andrej Babiš. D’autre part parce que ce gouvernement serait soutenu par le parti communiste de Bohême-Moravie, une première depuis la chute du régime précédent en 1989.
De nombreux sénateurs sociaux-démocrates et certains présidents de région ont ainsi récemment exprimé leur désapprobation avec la décision de la direction du parti. Alena Gajdůšková, députée ČSSD pour la région de Zlín fait partie de ceux que ces perspectives ne réjouissent pas :« Je le dis depuis le début, je ne trouve pas que ce soit une solution très heureuse. Nous avons beaucoup combattu certaines choses par le passé. Mais comme on dit : la volonté du peuple est volonté divine. »
Le référendum interne était ainsi une manière de donner la parole aux membres et militants de s’exprimer sur le sujet. Au début de cette semaine, alors que 85% des branches locales du parti avaient voté, le « oui » semblait déjà prévaloir, avec tout de même des poches de résistance dans certaines organisations régionales du parti, comme celle d’Ustí nad Labem ou celle de Tachov.
La formation de cette coalition gouvernementale ne pouvant rassembler derrière elle que 93 des 200 députés, le soutien des communistes s’avère incontournable, ce qui ne plaît guère non plus au vice-président du parti social-démocrate et ancien chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek :
« Ce n’est pas une coalition complète. C’est un contrat entre deux partis. A eux deux ils ne représentent même pas 101 voix au Parlement. Donc on peut légitimement se demander, comment tout cela va fonctionner. »Dans ce potentiel gouvernement de coalition, cinq portefeuilles ministériels devraient revenir aux sociaux-démocrates : les ministères de l’Intérieur, du Travail et des Affaires sociales, de l’Agriculture, de la Culture et des Affaires étrangères.
Dimanche après-midi, Andrej Babiš présentera la composition finale de son cabinet au président de la République, Miloš Zeman. Le gouvernement devrait solliciter la confiance de la Chambre des députés le 11 juillet prochain.