La Tchéquie, troisième pays au monde où un cœur artificiel français a été transplanté
La République tchèque est devenue, mi-novembre, le troisième pays au monde dans lequel un cœur artificiel a été implanté chez un patient. L’opération a été effectuée à l’Institut de médecine clinique et expérimentale (IKEM) de Prague, établissement de pointe dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. Développée en France, la prothèse implantée a été livrée par la société de biotechnologie Carmat, qui étend ses essais cliniques à l’international afin de pouvoir commercialiser son cœur artificiel un peu partout en Europe dans les prochaines années.
« Tout d’abord, ses parois internes, c’est-à-dire ce qui entre en contact avec le sang, sont composées de matériaux biocompatibles, ce qui signifie que ces matériaux ne détériorent pas le sang. C’est un élément essentiel, car cela permet de l’utiliser beaucoup plus longtemps. La deuxième chose est qu’à la différence des pompes cardiaques que nous utilisons actuellement, ce cœur artificiel fait du sang pulsatile normal comme le fait notre cœur. Enfin, ce cœur artificiel sait réagit aux changements de pression et de volume de sang, ce qui signifie qu’il réagit de façon beaucoup plus physiologique que les modèles précédents. »
La pose de ce cœur artificiel, dont le principe est celui d’une pompe rattachée au système sanguin, doit permettre à moyen terme au patient tchèque, qui a bien récupéré de son opération, de pouvoir bénéficier d’une greffe d’un cœur naturel cette fois.Mis au point par le professeur français Alain Carpentier, ce cœur de 800 grammes entièrement artificiel, constitué de quatre valves et de deux ventricules, a fait l’objet d’une première implantation en France, à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, en décembre 2013. Le patient est toutefois décédé moins de trois mois plus tard.
Après la France donc, et le Kazakhstan en octobre dernier, la République tchèque est le troisième pays où une opération de ce type a été réalisée. Le département de cardiologie d’IKEM, dont les spécialistes ont bénéficié d’une formation, est reconnu comme un établissement de pointe en Europe. C’est là qu’y a été réalisée la première transplantation cardiaque en 1984.
La société française Carmat s’efforce d’internationaliser l’étude son cœur artificiel afin de pouvoir soumettre le volet clinique de son dossier de certification européenne d’ici à fin 2018. Une volonté dont profite donc IKEM, comme le confirme son directeur Jan Pirk :« C’est un cœur très onéreux, mais cette phase d’essais cliniques est entièrement financée par la partie française du projet. C’est donc un grand avantage pour nous, Tchèques, qui coopérons avec la société française qui produit ce cœur. »
Carmat s’est fixé pour objectif à plus ou moins long terme d’implanter quelque 10 000 cœurs artificiels par an, et ce pour palier notamment le manque récurrent de greffons partout dans le monde.