Le ras-le-bol des enseignants tchèques face à la précarité de leur situation
Augmenter le niveau du salaire des enseignants à 130% du montant du salaire moyen en République tchèque d'ici à 2020, avec une revalorisation générale de 10 à 15% pour tous les employés du secteur de l’éducation dès le mois de novembre prochain. Telles sont les deux principales revendications des syndicats des enseignants, qui se plaignent de mauvaises conditions de travail. La décision a toutefois été prise de ne pas appeler à la grève, alors que se profile la rentrée scolaire lundi prochain.
« Je vis des moments parfois très difficiles quand je vois que le montant du salaire net d’un nouvelinstituteur diplômé de l’enseignement supérieur tourne autour de 16 000 couronnes (615 euros)… Sachant que le montant moyen d’un loyer pour un studio ou un appartement deux pièces à Prague est de 13 000 couronnes charges comprises (500 euros), vous imaginez bien que joindre les deux bouts à la fin du mois n’est pas simple. Je mets quiconque au défi de vivre avec 3 000 couronnes (115 euros) disponibles par mois. »
Pour l’heure, tant que les négociations avec le gouvernement se poursuivent, les syndicats ne souhaitent pas entrer dans une confrontation qui prendrait la forme d’un mouvement de grève. Ils souhaitent attendre le résultat des discussions relatives au projet de loi de finances pour 2018.
En attendant, un grand rassemblement se tiendra à Prague à la chapelle de Bethléem vendredi, à la date symbolique du 1er septembre, auquel prendront part toutes les parties intéressées dépendantes du ministère de l’Education. Président de l’Association des pédagogues de l’éducation primaire, Jaroslav Štercl explique que l’objectif de ce rassemblement est de parvenir à une amélioration notable de la situation actuelle :
« Je souhaite qu’un jour, si possible avant la fin de ma carrière, les directeurs d’écoles ne se sentent plus obligés d’éprouver de la honte quand ils embauchent de jeunes professeurs de mathématiques, de langue ou d’éducation physique et qu’ils ne soient plus contraints de refermer la porte de leurs bureaux pour leur annoncer le montant de leur salaire. »
Parallèlement à cette hausse des salaires, les écoles supérieures exigent également une augmentation de l’ordre de 4,5 milliards de couronnes (environ 175 millions d’euros) du budget qui leur est consacré à compter de l’année prochaine. Le président de la Confédération tchèque des recteurs, Tomáš Zima, entend bien à ce que le gouvernement agisse enfin et ne se contente plus de réagir lorsqu’il se retrouve dos au mur :« Il s’agit d’abord d’avertir l’opinion publique et les responsables politiques qu’ils devraient respecter les engagements qui ont été pris et les promesses qui ont été faites. On peut s’attendre à ce qu’ils promettent de nouveau qu'ils passeront des promesses aux actes. J’espère néanmoins que nous assisterons à un débat sérieux. »
Et les responsables politiques dans tout cela ? Si le ministre des Finances, Ivan Pilný, du mouvement libéral ANO, affirme comprendre les besoins des écoles, comme le Premier ministre et le ministre de l’Education, il estime cependant qu’il convient de rester dans les limites de l’économiquement raisonnable :
« Je suis un peu déçu d’avoir promis de participer vendredi à ce rassemblement qui a d’ores et déjà été présenté comme une manifestation de protestation. Or, celle-ci devrait plutôt se tenir devant le siège du gouvernement ou du ministère de l’Education, car si je suis favorable aux revendications des écoles supérieures et des enseignants, celles-ci doivent entrer dans les limites du budget de l’Etat. »
Pour rappel, selon une étude menée récemment par un institut de recherches économiques à Prague (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/les-enseignants-tcheques-sont-les-moins-bien-payes-deurope), avec un montant légèrement supérieur à 1 100 euros, soit à peu près l’équivalent du salaire brut pour l’ensemble de la population, les salaires des enseignants en République tchèque - professeurs de l’enseignement supérieur compris - comptent actuellement parmi les plus faibles de tous les pays membres de l’Union européenne et de l’OCDE. Une réalité qui interroge sur l’importance que le pays accorde à l’éducation de ses jeunes générations.