Bohuslav Sobotka ne sera pas le leader de la social-démocratie pour les législatives
Le Premier ministre n’est plus le président du parti-social-démocrate (ČSSD). Face aux faibles intentions de vote, Bohuslav Sobotka a annoncé, mercredi, sa décision de ne plus diriger la principale formation de gauche du pays, alors que se profilent les élections législatives à l’automne prochain.
Bohuslav Sobotka est confronté à la réalité des chiffres. Selon différents récents sondages, le ČSSD, le principal parti de l’actuelle formation gouvernementale, recueillerait moins de 15% des suffrages lors du scrutin qui se tiendra les 20 et 21 octobre prochains. Loin, très loin même, du mouvement ANO de l’ancien ministre des Finances Andrej Babiš, avec lequel le Premier ministre ne s’entend plus et qui se présente comme le grand favori des élections. Fort de sa popularité, Andrej Babiš ne s’est pas privé de critiquer la décision de Bohuslav Sobotka :
« Monsieur Sobotka se comporte comme un lâche. Il refuse de lutter et quitte un navire qui est en train de couler pour sauver sa peau. Il s’est d’abord servi de ses fonctions de Premier ministre pour me virer du gouvernement sur la base de faux arguments, et j’espérais donc bien me mesurer à lui d’homme à homme pour régler nos comptes devant les citoyens lors de la campagne électorale. »
Réélu dans ses fonctions pour la quatrième fois consécutive par une large majorité (67%) des membres du parti en mars dernier, Bohuslav Sobotka était le président du ČSSD depuis six ans. C’est l’actuel ministre de l’Intérieur Milan Chovanec, un des principaux hommes forts d’une formation à laquelle les médias reprochent entre autres son manque d’unité, qui lui succède :« Andrej Babiš offense qui il peut dès qu’il en a la possibilité. Il ne s’agit en aucun cas d’une débandade. Bohuslav Sobotka ne fuit pas ses responsabilités. Il continue de diriger le gouvernement, tandis que Lubomír Zaorálek sera le leader du parti pour les élections et que ma mission consistera à faire en sorte que le parti social-démocrate soit dans le meilleur état possible pour la campagne. »
Selon Milan Chovanec, le mandat de Bohuslav Sobotka en tant que chef du gouvernement est marqué par la prospérité du pays et une relative stabilité politique. Seulement voilà, ces résultats positifs auraient été mal vendus aux électeurs, comme le regrette le vice-président du parti, Petr Dolínek :
« L’humeur n’est pas la meilleure, et pas seulement au sein de la social-démocratie, mais plus généralement. Bien que nous ayons respecté et rempli 90% des promesses qui figuraient dans notre programme, bien que nous ayons un Premier ministre qui s’apprête à aller au bout de son mandat – ce qui est plutôt rare en République tchèque - et bien que Bohuslav Sobotka travaille énormément, cela s'avère insuffisant. C’est pourquoi il fallait réagir et la décision de Bohuslav Sobotka était une des solutions possibles. »C’est l’actuel ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, autre proche collaborateur de Bohuslav Sobotka, qui aura la lourde tâche de mener une campagne électorale qui ne s’annonce donc pas sous les meilleures auspices :
« Je suis prêt à assumer le rôle de leader de la social-démocratie et je suis prêt à faire le maximum de ce qui est en mes moyens pour que notre parti obtienne le meilleur résultat possible aux élections qui nous attendent en octobre prochain. »
Reste à savoir si ce changement de la dernière heure permettra d’éviter un résultat qui, s’il est bien celui que prédisent les sondages, ne pourra être considéré autrement que comme un naufrage.