La fièvre monte dans le camp social-démocrate
Les enjeux du congrès du parti social-démocrate, l’annonce d’une nouvelle candidature présidentielle par le président Miloš Zeman, l’ascension sur la scène politique de Václav Klaus fils : tels sont les trois premiers sujets traités dans cette revue de la presse de la semaine écoulée. On y évoque aussi un certain héritage du président Tomáš Garrigue Masaryk et on y porte un regard sur la situation des enseignants en Tchéquie.
« Il arrive rarement de voir un parti gouvernemental perdre ses membres. C’est pourtant ce qui est arrivé au parti social-démocrate qui a perdu au cours des deux dernières années près de 2000 membres. C’est d’ailleurs la situation qu’avait déjà connue auparavant, lorsqu’il était au pouvoir, le parti civique démocrate (ODS). La perte de ses membres signifie pour le ČSSD la disparition de quelque soixante cellules locales. »
Le journal remarque que le ČSSD souhaite miser sur les jeunes électeurs et sur un engagement accru des femmes en politique. Un objectif cependant difficile à réaliser, puisque les femmes ne représentent qu’un tiers environ de ses membres, tandis que les sympathies des jeunes pour ce parti ont plutôt tendance à baisser. Un social-démocrate typique, c’est un homme autour de la cinquantaine.
Le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi a pour sa part souligné que le climat au sein du parti social-démocrate, quelques jours avant la tenue de son congrès, est plus tendu et plus agité que jamais. Ce n’est guère étonnant, car c’est effectivement au cours de ce congrès que seront choisis le nouveau leader de la social-démocratie et ses collaborateurs les plus proches, qui auront pour tâche de diriger le parti aux élections législatives de novembre prochain. Au moment même où des voix s’élèvent au sein du parti pour accuser l’actuel président du parti, le premier ministre Bohuslav Sobotka, de « faiblesse ».
Le site echo24.cz cite de son côté un des candidats au poste de vice-président du parti, Jan Birke, selon lequel « le congrès constitue pour les sociaux-démocrates un des points charnières, son enjeu consistant à parvenir à une nouvelle unité qui permettrait de bien se préparer pour les législatives ».
Miloš Zeman : une candidature qui ne surprend pas
« Miloš Zeman a ouvert sa campagne présidentielle. Les autres candidats auront à affronter un solide adversaire. » Tel est le titre d’un article mis en ligne sur le site lidovky.cz après que le président a annoncé, jeudi soir, en présence de ses sympathisants, sa candidature à la prochaine présidentielle. « Une déclaration qui n’a guère surpris », constate son auteur qui remarque également :« La soirée qui s’est déroulée dans la Salle espagnole du Château de Prague a clairement montré sur qui Miloš Zeman allait pouvoir s’appuyer, l’auditoire comptant d’importants acteurs de la vie politique et des affaires, dont le chef du colosse énergétique semi-national ČEZ, Daniel Beneš... Zeman sera certes le principal favori de l’élection présidentielle, mais sa victoire n’est pas une évidence. L’intérêt est, par exemple, de savoir si le mouvement ANO d’Andrej Babiš choisira son propre candidat. »
Un texte mis en ligne sur le site ihned.cz titre que le chemin politique de Zeman est parsemé de scandales mais que cela ne semble pourtant pas gêner les électeurs. Son auteur constate également :
« La décision du président de la République n’a probablement surpris personne. Maximaliste, il n’avait pas d’autre choix. Peut-on en effet s’imaginer qu’il se contenterait d’un séjour au Château de Prague qui serait plus court que ceux de ses prédécesseurs, Václav Klaus et Václav Havel ? »
L’ascension de Václav Klaus fils
« L’héritier d’un nom célèbre a entamé une mission visant à sauver la Tchéquie ». Tel est le titre d’un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui brosse le portrait et décrit les ambitions de Václav Klaus, le fils de l’ancien premier ministre et ancien président de la République, fondateur du parti civique démocrate (ODS), un parti de droite. Après avoir accompagné Václav Klaus fils, 47 ans, lors de ses tournées dans les régions ou lors de débats à Prague, où celui-ci est régulièrement suivi par un auditoire nombreux, son auteur a écrit :« Le fils de l’ex-président Václav Klaus devient d’emblée une figure incontournable de la politique tchèque. En ce moment, il n’y a personne à ne travaille à sa propre ascension aussi systématiquement que lui-même. S’il doit une partie de son succès à son nom, son travail est également soutenu par une stratégie réfléchie, par un grand élan et l’argent nécessaire. »
Le texte rappelle les professions passées de Václav Klaus fils, celles d’enseignant et de directeur d’un lycée prestigieux de Prague. Il constate également qu’après avoir quitté l’ODS au moment où son orientation lui déplaisait, il y a de nouveau adhéré car, selon ses propres dires, « pour monter afin d’atteindre un poste ministériel, il faut bénéficier d’un soutien politique ». L’hebdomadaire Respekt signale aussi que le jeune Klaus collabore volontiers avec les tabloïds, qu’il est très actif sur les réseaux sociaux et qu’il publie des textes sur des sites radicaux et très conservateurs, l’occasion pour lui de plaider pour le départ de la Tchéquie de l’Union européenne. Et de conclure :
« En dépit de ses positions radicales, Václav Klaus fils est bien accueilli au sein de l’ODS, car ses représentants déclarent leur volonté de s’ouvrir à des opinions très variées. »
A la recherche d’inspirations chez T. G. Masaryk
Comme chaque année, le 7 mars, on commémore en Tchéquie l’anniversaire de la naissance du premier Président tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk, né en 1850. L’auteur d’un article mis en ligne sur le site aktuálně.cz estime que c’est une occasion de réfléchir sur les différentes facettes de cette grande personnalité et sur ses idées qui peuvent servir à présent d’inspiration :« On connaît d’un côté un Masaryk qui n’a pas hésité à aller à contre-courant, qui s’est opposé à toute sorte de mythes nationaux et à des superstitions naïves, ce qui lui a valu la haine d’une importante partie de la population. D’un autre côté, on connaît aussi un Masaryk qui a réussi à inscrire l’histoire tchèque dans le contexte mondial et à donner naissance à un premier Etat indépendant. Président, il a effectué sa fonction avec une dignité qui peut aujourd’hui paraître aussi éloignée et perdue que ne l’est la Russie subcarpatique, qui appartenait à l’époque à la Tchécoslovaquie. On voit donc deux Masaryk : l’un critique et intransigeant et, l’autre, généreux et politiquement ingénieux. »
C’est ce premier visage de Masaryk qui a osé dire des choses dérangeantes et impopulaires qui semble aujourd’hui être tombé dans l’oubli. Dans ce contexte, l’auteur du texte publié sur le site aktuálně.cz se demande comment Tomáš Garrigue Masaryk se comporterait aujourd’hui :
« On peut croire qu’il voudrait accorder des bourses universitaires à des immigrés de talent pour montrer qu’un réfugié représente un enrichissement et pas seulement une menace. Il mettrait sur pied une série de conférences sur l’islam, histoire d’expliquer aux gens que la religion comme telle n’est pas un adversaire. On peut croire que ceci lui vaudrait du mépris et beaucoup de réactions négatives et de manifestations de protestation. Connaisseur de la Russie, Masaryk mettrait aussi en garde devant son esprit expansionniste et soutiendrait l’Ukraine ».
Et l’auteur de déplorer l’actuelle absence d’acteurs politiques qui seraient dotés des qualités qui étaient propres à Masaryk.
L’enseignement attire peu les jeunes
En Tchéquie, la profession d’enseignant figure, du moins aux yeux de la population, parmi les cinq professions les plus prestigieuses. Il n’empêche que l’enseignement local souffre d’une forte pénurie d’enseignants, ce dont témoigne le fait qu’à l’heure actuelle, seulement près d’un tiers des diplômés des facultés pédagogiques se déclarent prêts à se tourner vers cette profession. Le quotidien économique Hospodářské noviny rapporte à ce propos :« Le ministère de l’Education veut mettre désormais en valeur des démarches pour augmenter l’attrait de la profession d’enseignant auprès des jeunes diplômés. A cette fin, il envisage en premier lieu d’augmenter les salaires des enseignants qui sont nettement plus faibles que dans la plupart des domaines du secteur privé. Il s’agit en outre de modifier les critères pour l’avancement professionnel ou d’élargir les possibilités d’une formation supplémentaire. »
Mais aussi importante soit-elle, l’augmentation des salaires n’est pas l’unique condition qui permettrait de redonner son éclat à la profession d’enseignant. Selon l’auteur de l’article, il faut également donner aux enseignants plus d’espace pour leur créativité dans une situation où la formation dans les écoles est dans une grande mesure basée sur des tests au détriment d’autres façons de communication avec les élèves.