Le gouvernement Sobotka aura tenu jusqu’au bout
L’analyse du mandat de quatre ans du gouvernement de coalition de Bohuslav Sobotka constituera le premier sujet de cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée, qui proposera également quelques regards sur les prochaines élections législatives. Autre thème : le président Miloš Zeman, contrairement à ce qu’il espérait, ne sera probablement pas reçu à la Maison-Blanche. Enfin, nous évoquerons le départ des investisseurs russes des villes thermales tchèques ou encore la pénurie dramatique de jeunes enseignants.
« Cela a été une période difficile notamment pour le Premier ministre Bohuslav Sobotka qui, dès le début, a dû faire face à l’action d’une aile opposée au sein du Parti social-démocrate (ČSSD) dont il était le leader. Plus difficiles encore ont été les conflits au sein du cabinet caratérisés par la rivalité permanente avec le ministre des Finances de l’époque, Andrej Babiš... Au bout de quatre ans, c’est ce dernier qui peut se sentir soulagé. Tout indique en effet qu’il pourra assouvir ses ambitions et occuper le poste de Premier ministre, car les sondages annoncent son mouvement ANO comme le vainqueur des prochaines élections législatives. »
L’auteur de l’analyse estime que le cabinet sortant de Bohuslav Sobotka n’a pas entrepris grand-chose durant son mandat. L’instauration du registre électronique central des recettes est une des mesures qui peuvent être mises en relief. En conclusion, le cabinet dont le mandat touche à sa fin et « qui a survécu à la contrainte imposée par les résultats électoraux qui était de gouverner ensemble » avait certes de grandes ambitions, mais que le résultat d’ensemble au bout du compte est médiocre.
En attendant les élections législatives
Les élections législatives qui se dérouleront les 20 et 21 octobre se voient souvent coller une étiquette de fatalité, tant par les éditorialistes que par les politiques et les politologues ou dans les débats sur les réseaux sociaux. Une analyse publiée dans le journal en ligne Deník Referendum admet que ces élections sont certes très importantes, mais pas davantage que toutes les autres qui se sont déjà tenues dans l’histoire moderne du pays. Du coup, la façon de présenter l’événement comme une lutte héroïque entre le Bien et le Mal est un peu exagérée. Et même si les résultats des élections devaient dessiner un scénario selon lequel un régime autoritaire repousserait les partis dits traditionnels au second plan, une telle situation pourrait profiter tant à notre scène politique qu’au secteur civique et aux médias. L’auteur explique pourquoi :« Face à un coup dur, ces partis pourraient subir un important processus d’épuration ou, au contraire, tomber finalement à l’oubli. Le secteur civique qui est à présent assez faible et peu homogène serait appelé à mieux collaborer et à se concentrer sur plusieurs thèmes clés. Le conflit avec un régime autoritaire pourrait également fortement profiter à la qualité des médias dit de mainstream. »
Si, en attendant les résultats des élections législatives, il existe en Tchéquie un parti qui n’inspire pas toute sorte de spéculations liées à son rôle au futur Parlement ou encore au sein du prochain gouvernement, c’est le Parti communiste. D’après ce que l’on peut lire sur le site echo24.cz, au cours des quatre dernières années, sa perception au sein de la société a considérablement changé, sans que le parti lui même ne change guère, sauf de devenir encore un peu plus « communiste ». Intitulé « Les temps tranquilles des communistes tchèques », le texte indique également :
« Désormais, le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM) a perdu le monopole en matière de menace. A la veille de presque toutes les élections législatives tenues dans le pays depuis la chute du régime communiste, les médias avaient l’habitude de soulever la question de l’éventualité de légitimisation des communistes, considérée tantôt comme une menace tantôt comme une nécessité. A l’heure actuelle, le Parti communiste ne semble plus et de loin provoquer de telles craintes, car on a vu surgir de nouveaux ‘maux concurrentiels’ qui sont pris pour plus menaçants ou ayant un potentiel de croissance plus important. Or, comparé à ces derniers, les communiste peuvent être considérés comme un mal sinon moindre alors pour le moins intimement connu ce qui constitue déjà un certain avantage. »
L’auteur d’une note publiée dans le quotidien Lidové noviny estime pour sa part que les résultats du vote de cette année sont plus imprévisibles que jamais. De ce fait, il est également impossible de prévoir quel sera l’arrangement politique qui s’en suivra.
Miloš Zeman en visite à la Maison-Blanche : un rêve inassouvi ?
En dépit des efforts assidus de ses collaborateurs qui agissent sur plusieurs fronts, Miloš Zeman ne sera pas reçu, avant la fin de son mandat présidentel, à la Maison-Blanche. C’est ce que constate l’hebdomadaire Respekt selon lequel le président tchèque avait défini la visite de son homologue américain comme une de ses priorités. D’après les informations dont il dispose, une audience de Zeman chez Donal Trump n’aura pas lieu malgré l’intervention directe d’un groupe de plusieurs membres républicains du Congrès américain. Rapportant que l’administration et la presse américaine considèrent Zeman comme un allié anti-occidental de Vladimir Poutine, le magazine indique également :« Si Miloš Zeman tient tellement à cette visite à la Maison-Blanche, c’est pour pouvoir se présenter avant la prochaine élection présidentielle tchèque comme un homme politique d’un retentissement international reçu par les principaux acteurs de la politique globale. Tandis qu’au cours des deux dernières années il a réussi à réaliser cette ambition, à plusieurs reprises même, avec les présidents chinois et russe, il n’y arrive pas tant qu’il s’agit du principal allié occidental ».
Respekt rappelle que le président tchèque est le seul parmi les chefs d’Etat européens à avoir soutenu Donald Trump lors de sa campagne présidentielle et que les deux hommes d’Etat avaient avant encore l’inauguration présidentielle américaine une conversation téléphonique.
Exode russe des villes thermales tchèques
Les Russes quittent les villes thermales tchèques. C’est ce dont fait part un article publié sur le site Ekonom.cz :« En Tchéquie, la folie immobilière bat son plein et les appartements libres se vendent plus rapidement que jamais. Il existe pourtant des villes dans lesquelles la tendance est inverse. Il s’agit en premier lieu de deux villes thermales renommées, Mariánské Lázně et Karlovy Vary, en Bohême de l’Ouest, qui ont été très prisées des investisseurs russes ces dernières années. Aujourd’hui, ces derniers cherchent en revanche à se débarrasser de leurs appartements et résidences de luxe situés au centre ou dans des zones balnéaires et à les vendre au même prix qu’ils les avaient achetés. Une tâche difficile, car l’intérêt pour ces objets immobiliers chers parmi la population locale est très faible ».
L’affaiblissement du rouble est l’un des facteurs qui contribuent au départ accéléré des investisseurs russes qui a commencé il y a quelques années déjà. Cet exode serait aussi en rapport avec les sanctions économiques à l’égard de la Russie qui semblent avoir des retombées également sur les Russes riches, remarque le site Ekonom.cz.
L’éducation tchèque manque de jeunes enseignants
Au lieu de vouloir enseigner, les diplômés des facultés pédagogiques préfèrent se trouver des jobs plus lucratis et il n’y a pratiquement personne à les remplacer. Le ton de l’éditorial du journal Mladá fronta Dnes de ce jeudi est alarmant : si cette tendance se poursuit, dans quelques années, il n’y aura plus de pédagogues à enseigner les enfants, sauf des personnes sans qualification nécessaire. Cette tendance est illustrée par quelques données :« Il y a une dizaine d’années, les jeunes enseignants de moins de 25 ans représentaient près de 4% de l’ensemble des enseignants dans les écoles primaires, tandis qu’aujourd’hui ils sont moins de 2%. D’un autre côté, durant la même période, le nombre d’enseignants au seuil de la retraite a presque doublé. »
Même si cette situation est en partie liée à l’évolution démographique, ce sont les mauvaises conditions salariales des enseignants et le manque de motivations qui sont selon le journal la principale cause de ce désintérêt des jeunes pour cette branche.