Le film Masaryk décroche un record de douze Lions tchèques
La 24e édition de la cérémonie des Lions tchèques, l’équivalent des Oscars en Tchéquie, a mis samedi soir dernier les projecteurs sur Masaryk, le film de Julius Ševčík. Le long-métrage, qui sort ce jeudi 9 mars dans les salles de cinéma, a décroché un record de douze statuettes. Difficile donc de se faire une place dans ce palmarès 2016, mais certains y sont parvenus, à l’image de Michalina Olszanská, désignée meilleure actrice pour son rôle dans Já, Olga Hepnarová. Retour avec Lucile Meunier sur une cérémonie à sens unique.
Avec les prix du meilleur film, du meilleur acteur pour Karel Roden, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, ou encore de la meilleure musique, Masaryk a placé la barre très haute en faisant mieux que la mini-série Sacrifice, (Hořící keř), de la cinéaste polonaise Agnieszka Holland, qui avait été distinguée à onze reprises en 2013. Le long-métrage de Julius Ševčík n’a pourtant pas été épargné par les critiques. Il est pointé du doigt pour des prises de distance avec la réalité historique, pour sa qualité somme toute médiocre ou encore pour des scènes de sexe que d’aucuns jugent « gratuites ». Présenté hors compétition à la Berlinale début février, Masaryk n’a d’ailleurs pas forcément convaincu.
Il s’est bien rattrapé avec à la cérémonie des Lions tchèques, mais sa présence même à cette édition en a dérangé plus d’un. Pour pouvoir concourir, les films devaient en effet avoir été projetés au moins une semaine au cours de l’année 2016. Masaryk sort lui sur les écrans nationaux ce 9 mars, mais il a bénéficié d’une sortie réduite à la fin du mois de décembre dernier, dans une seule salle, celle du Lucerna à Prague, ce qui lui a donc permis d’être sélectionné pour cette 24e édition des Lions tchèques alors que personne ou presque ne l’a encore vu. Grâce à ce tour de passe-passe, le long-métrage évite la prochaine édition de la cérémonie, où, avec les films de réalisateurs comme Jan Svěrák ou Jan Hřebejk, la concurrence aurait été autrement plus relevée.Samedi, Masaryk a donc écrasé ses concurrents. Le coup est notamment rude pour Anthropoid, une œuvre de Sean Ellis qui revient sur l’attentat en 1942 contre Reinhard Heydrich, le Protecteur du Reich en Bohême-Moravie. Cette production historique est repartie bredouille, alors qu’elle était nommée dans douze catégories.
Malgré l’adversité, d’autres œuvres ont néanmoins réussi à tirer leur épingle du jeu. Michalina Olszanská a ainsi remporté le prix de la meilleure actrice pour sa performance dans le film Já, Olga Hepnarová, qui évoque le destin de la jeune meurtrière éponyme. En 1975, Olga est condamnée à mort pour avoir intentionnellement foncé sur un trottoir au volant d’un camion, tuant ainsi huit personnes, une attitude nourrissant une soif de vengeance contre la société tchécoslovaque dont elle se sentait exclue. L’artiste polonaise raconte avoir eu un coup de foudre pour le projet :
« A propos d’Olga, quand j’ai lu le script, j’ai senti que c’était une histoire qui devait être partagée, et je voulais le faire. Bien sûr, je suis une jeune actrice, mais je voulais parler de cette histoire particulière, bien plus que pour les autres films. Parce que je sentais que, peut-être, Olga elle-même le voulait. »Enfin, il faut souligner le succès de Normální autistický film (Un film autiste normal), de Miroslav Janek, qui a été désigné meilleur documentaire. Le film souhaite redéfinir la notion de normalité, en racontant le parcours de cinq enfants et adolescents autistes qui ne définissent pas l’autisme seulement comme une maladie. Une œuvre qu’il est d’ailleurs possible de découvrir dans le cadre du festival du film documentaire Jeden Svět, dont la 19e édition débute ce lundi à Prague et se poursuit jusqu’au 15 mars.