Redécouverte de l’œuvre de Bohuslav Reynek au Centre tchèque de Paris

C’est un événement dans le petit monde des relations culturelles franco-tchèques : vingt ans après le dernier hommage au graveur, poète et traducteur tchèque Bohuslav Reynek et à son épouse, la poétesse française Suzanne Renaud, ce couple qui a vécu dans le petit village de Petrkov, le public parisien peut redécouvrir l’œuvre et la vie d’un des plus grands artistes tchèques du XXe siècle grâce à l’exposition « Bohuslav Reynek, Don Quichotte à Petrkov ». Le titre de l’exposition qui vient de s’ouvrir au Centre tchèque à Paris fait allusion à la récente sortie, aux éditions Romarin, du livre franco-tchèque « Le Don Quichotte de Reynek », qui présente une série d’estampes que Reynek a dédiées au Chevalier errant. Co-auteur de cet ouvrage et fondatrice de l’Association Romarin, qui promeut l’œuvre du couple Reynek en France, Annick Auzimour a expliqué pour Radio Prague la genèse de cette exposition dont elle est la commissaire.

Bohuslav Reynek, 'Petrkov', 1962, photo: Site officiel du Centre tchèque à Paris

« L’idée est venue il y a à peu près six mois lors d’une conversation avec Jean-Gaspard Páleníček qui était chargé de la direction du Centre tchèque. Nous voulions prolonger en quelque sorte la parution du livre sur Don Quichotte, avec une présentation d’œuvres de Bohuslav Reynek qui éclairent essentiellement le lien entre l’environnement immédiat de l’artiste et son œuvre. Nous montrons une cinquantaine d’œuvres de Reynek, essentiellement des paysages de Petrkov, mais aussi des visions de l’artiste, des piétas dans le décor de Petrkov, l’arrêt du train par exemple… Pour mieux sentir ce lien remarquable, cette exposition est accompagnée de photographies de Jaroslav Krejčí qui montrent l’homme Reynek, sa maison, son travail. Il s’agit d’une quinzaine de photographies des années du Printemps de Prague. »

L’album Don Quichotte est-il au cœur de cette exposition ?

« Pas vraiment. C’est une exposition élargie sur cette harmonie entre l’artiste et son œuvre, ce miroir aussi des événements des années 1950, jusque vers les expositions des années 1965 et 1966. Bien sûr, l’album ‘Don Quichotte’ reflète aussi la pression des événements de l’époque sur l’inspiration de Reynek, ce côté absurde du monde extérieur… Le cycle ‘Don Quichotte’ est présenté sous vitrines, avec ses quatorze planches. Il s’agit de l’album de Grenoble que j’avais déjà évoqué sur Radio Prague. (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/culture/bohuslav-reynek-le-don-quichotte-de-petrkov)»

Bohuslav Reynek, 'Retour chez soi', 1962, photo: Site officiel du Centre tchèque à Paris

En marge de l’exposition, vous présenterez, en compagnie de l’historien de l’art Jiří Šerých, l’ouvrage « Le Don Quichotte de Reynek ». Ensuite, mardi 28 mars, vous donnerez une conférence au Centre tchèque à Paris autour de l’œuvre de Bohuslav Reynek. Quel en sera le thème ?

« La conférence veut montrer à quel point le couple Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek a été passeur de culture à son époque entre la France, plus concrètement le Dauphiné, et la Tchécoslovaquie. Evidemment, grâce aux traductions de Reynek, très abondantes durant l’entre-deux-guerres, puis, en contrebandier, si je puis dire, quelques traductions de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek qui transmettaient des auteurs tchèques à leurs amis dauphinois. C’est ce pont entre les deux cultures que je mettrai en valeur comme une richesse franco-tchèque. »

L’exposition « Bohuslav Reynek, Don Quichotte à Petrkov » est à voir au Centre tchèque à Paris, 18 rue Bonaparte, jusqu’au 31 mars prochain. Le programme d’accompagnement propose deux concerts, ainsi que la projection du documentaire « Je suis le fou du village » tourné en 2006 par Aleš Kisil ; un précieux témoignage sur la vie des Reynek à Petrkov apporté par les fils du couple Reynek-Renaud, Jiří et Daniel.