Gouvernement : les enfants ne devraient pas grandir en institution
Les enfants de moins de sept ans ne devraient plus vivre en institution. Le gouvernement a en effet approuvé, mercredi, un projet visant à renforcer des mesures préventives au sein des familles biologiques et à privilégier le placement des enfants retirés dans des familles d’accueil. D’ici juin 2017, les ministres devraient présenter un amendement à la loi allant dans ce sens. Il n’est cependant pas certain que la coalition gouvernementale actuelle parvienne à faire adopter cette législation, en vigueur dans la plupart des pays occidentaux, avant les prochaines élections législatives.
« Il y avait une assistante la nuit que j’aimais bien. Mais elle ne venait que quelques jours par semaine et seulement le soir. Donc, quand quelque chose me chagrinait, je devais parfois attendre deux jours avant qu’elle ne vienne. Depuis, j'ai appris à ne me confier à personne. On m’a élevé ainsi. »
D’après de récentes statistiques, près de 9 000 enfants vivaient en institution en République tchèque en 2015. Ce chiffre élevé fait depuis plusieurs années l’objet de critiques de la part de différentes institutions nationales et internationales. De plus, la Tchéquie serait, à en croire l’association Dítě a rodina (L’Enfant et la famille), le dernier pays en Europe qui permet de placer dans de tels établissements des enfants âgés de moins de trois ans.
Cette triste situation pourrait prochainement changer grâce à un projet du Comité gouvernemental en charge des droits de l’enfant. Ce document qui demande l’introduction d’une législation qui interdirait, complétement ou presque, de placer au foyer des enfants de moins de sept ans, a été adopté mercredi par le gouvernement, ce qui a fait très plaisir à la présidente du comité Klára Laurenčíková :« En approuvant notre projet, le gouvernement a de facto dit que ce thème était important, que les enfants ne devraient pas grandir en institution et qu’il faudrait renforcer la prévention. »
Selon Klára Laurenčíková, les solutions sont les suivantes : il faut tout d’abord travailler de manière préventive avec les parents biologiques des enfants en danger afin d’empêcher leur éventuelle séparation. Si les enfants doivent être retirés à leurs mère et père, l’Etat devrait tout d’abord s’efforcer de les placer chez leurs proches ou dans une famille d’accueil. Les auteurs du document soulignent également que ces mesures n’aboutiraient pas à une fermeture complète des institutions. Etant donné que celles-ci abritent en moyenne environ cinquante enfants, le projet permettrait de réduire leur capacité et d’y développer une atmosphère plus « personnelle ».Enfin, en signant le document, le gouvernement s’est également engagé à unifier le système de protection de l’enfance qui est actuellement divisé entre les ministères de l’Education, de la Santé et du Travail et des Affaires sociales. C’est ce dernier qui serait désormais chargé de la problématique. La ministre, Michaela Marksová, poursuit :
« Cela nous permettrait de réunir tous les moyens de financement consacrés à ces établissements et de les gérer mieux. Nous pourrions ainsi voir quelles institutions sont à moitié vides, donc où nous pourrions faire des économies et utiliser cet argent pour des services préventifs et ambulatoires. »Les changements en question sont discutés depuis plusieurs années déjà. En 2012, le gouvernement de l’époque avait approuvé une stratégie de la protection des enfants en danger qui visait déjà à interdire, dès cette année, de placer en institution les enfants de moins de sept ans. Or, au printemps dernier, le gouvernement actuel a repoussé à plus tard les propositions de ce type. Aussi, rien n’est encore gagné pour la réforme approuvée cette semaine. Les ministres se sont engagés à préparer un projet de la loi qui introduirait ces modifications dans la législation tchèque d’ici à juin 2017. Mais réussiront-ils réellement à approuver cet amendement avant les législatives prévues en octobre 2017 ?