Le système des établissements pour enfants connaîtra un changement

La République tchèque se fait depuis longtemps critiquer par les institutions internationales pour le nombre excessif d’enfants placés dans des établissements qui devraient remplacer les familles. Le ministère du Travail et des Affaires sociales vient de présenter un plan qui se propose de changer radicalement le système actuel : réduire au minimum les soins institutionnels au profit des familles d’accueil.

Petr Nečas,  photo: CTK
Ainsi, près de trois quarts des enfants qui vivent actuellement dans des établissements de différentes catégories devraient, à l’avenir, être confiés à des familles d’accueil. Le rôle des établissements serait remplacé par des pères et des mères professionnelles, souligne l’auteur du plan, le ministre du Travail et des Affaires sociales, Petr Nečas :

« Notre objectif est d’élargir et de professionnaliser le système des soins dans des familles d’accueil. Il ne faut pas avoir honte de dire que parent d’accueil sera une profession, une façon de gagner sa vie. Si on le percevait jusqu’alors comme un service à autrui, il faut donner un statut officiel à la profession ‘parent d’accueil’, en tout cas, le milieu d’une famille d’accueil est incontestablement meilleur que celui d’un établissement social. »

La transformation du système actuel se heurte cependant à de nombreux obstacles dont le plus grave est le caractère éparpillé des soins, explique Petr Nečas :

« L’agenda et les compétences sont dispersées. La philosophie, l’approche des enfants en situation de crise diffèrent d’une institution à l’autre, chacune d’entre elles agit selon des principes différents, une base unique commune n’existe pas, sans oublier la législation qui est, elle-aussi, variable. »

Ainsi, selon la pratique actuelle, l’enfant qui n’a pas la chance de grandir dans sa propre famille ou dans une famille adoptive passe par plusieurs catégories d’établissements : pour les nourrissons qui relèvent de la gestion du ministère de la Santé, par des foyers de l’enfance relevant du ministère de l’Education, puis encore, parfois, par différentes sortes d’établissements sociaux ou éducatifs relevant du ministère des Affaires sociales.

Changer la situation des presque 20 000 enfants qui vivent dans des établissements sera la tâche d’une commission spéciale. L’unification du système et de la législation sous l’autorité du ministère du Travail et des Affaires sociales, comme le propose le ministre Petr Nečas, suscite toutefois une certaine méfiance. On écoute Jan Pavlas, directeur du foyer de l’enfance de Přerov:

« Les craintes vis-à-vis des changements sont grandes parmi les travailleurs des foyers de l’enfance. On craint surtout une dégradation du système éducatif et scolaire existant vers la simple dimension sociale du problème. »

Le ministre se veut rassurant en affirmant qu’il n’y a pas lieu de craindre les fermetures des établissements et les licenciements. Le nouveau système aura besoin d’un grand nombre de travailleurs sociaux qualifiés, ce sera donc une question de reconversion et de transformation. Mais il ne cache pas que ce sera un processus de longue haleine.