Tiémoko Konaté : « Simon Deli est comme un frère »
Comme dirait une de nos chères collègues au sein de la rédaction : « Encore du foot ?! Pff… » Eh oui, la parenthèse Euro 2016 à peine refermée, et en attendant l’ouverture des Jeux olympiques à Rio, le championnat de République tchèque de football, qu’il convient désormais d’appeler la ePojisteni.cz liga (si, si), du nom de son nouveau sponsor, a déjà repris ses droits. Cela s’est passé le week-end écoulé, dans le déferlement de passion que vous imaginez. Et comme les dernières saisons, le Viktoria Plzeň et le Sparta Prague sont de nouveau les deux principaux candidats au titre de champion. Toutefois, le Slavia Prague, on l’espère pour l’attrait du championnat, entend bien se mêler à la lutte…
L’été pour les clubs tchèques, au-delà de la reprise du championnat, ce sont d’abord et avant tout les coupes d’Europe. Plzeň et le Sparta en Ligue des champions, Slovan Liberec, Mladá Boleslav et Slavia Prague en Ligue Europa, les cinq équipes tchèques en lice cette saison donnent la priorité aux tours préliminaires des deux compétitions européennes avec pour ambition de participer aux phases de poules. Plus peut-être encore que l’aspect sportif et le prestige qui en découle, cette présence sur la scène continentale à l’automne constitue, pour la majorité de ces clubs, une nécessité financière. Placée entre les matchs allers et retours du troisième tour préliminaire, et en plein cœur des vacances estivales, cette 1ère journée du championnat national n’a donc pas déplacé les foules. Cette reprise n’a pas non plus été marquée par de faits spécialement marquants, le Viktoria Plzeň comme le Sparta Prague s’étant logiquement imposés, respectivement aux dépens de Jihlava (2-1) et de Slovácko (3-2), deux formations plus habituées à la lutte pour le maintien, voire, dans le meilleur des cas, au ventre mou.
Entre coupes d’Europe et liga, nous vous proposons donc un extrait de l’entretien réalisé avec Tiémoko Konaté à l’issue du match aller du troisième tour de la Ligue des champions entre le Sparta Prague et le Steaua Bucarest (1-1), mardi dernier. A la sortie des vestiaires, le milieu de terrain ivoirien a gentiment accepté d’aborder la cinquième saison qu’il entame à Prague. Et Tiémoko Konaté n’a pas caché que l’idée de découvrir un autre pays que la République tchèque et un autre championnat que la ePojisteni.cz liga le travaillait :« Oh… Nous sommes en train de voir et de discuter avec le club (pour un éventuel transfert, ndlr). Pour le moment, je suis quand même bien là et je me donne à fond. Passer cinq ans dans un club et dans un pays, ce n’est pas rien dans la carrière de footballeur. Il y a donc une envie naturelle d’aller voir ailleurs. Mais ce n’est pas le moment d’en parler, et puis rien ne se cache en football. Si Konaté Tiémoko doit signer en Allemagne ou en Italie, ça se saura. Mais je ne cache pas que j’en ai envie… »
Cinq ans en République tchèque, ça suffit ?
« Vous savez, je n’ai pas toujours été titulaire ici (contre le Steaua comme contre Slovácko, les deux premiers matchs officiels du Sparta cette saison, Konaté l’était en position de milieu gauche, ndlr) et je n’ai pas toujours l’occasion de m’exprimer sur le terrain. C’est un aspect qui compte, même si, attention, je ne dis pas que je ne suis pas content d’être là. Je dis simplement que je peux être ici à Prague aujourd’hui et demain ailleurs. Ce sont les règles du football. »
Si le Sparta parvenait à se qualifier pour la phase de groupes de la Ligue des champions, un objectif qu’il n’a plus atteint depuis 2005, cela pourrait-il peser dans votre réflexion ?
« Pour le moment, c’est encore trop tôt. Et puis il n’y a pas que la Ligue des champions. Ce n’est pas le plus important. Bien sûr, je vais faire le maximum pour aider le club à atteindre cet objectif. C’est la priorité, et après on verra. Si je dois rester, je resterai. Mais si j’ai une opportunité ailleurs, le fait que le Sparta joue ou ne joue pas la Ligue des champions importera peu. Je dois aussi penser à ma carrière. »
Quelles relations entretenez-vous avec les autres joueurs africains en République tchèque ? On pense notamment à votre compatriote Simon Deli chez le grand rival du Slavia (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/a-prague-simon-deli-marche-sur-les-pas-de-wilfried-bony)...
« Ah oui ! Simon Deli est comme un frère pour moi. On a vécu dans la même maison pendant un an et demi lorsqu’il était lui aussi au Sparta. Il y a eu des moments difficiles, et d’autres plus beaux, mais ensemble on s’est toujours soutenus. Nous sommes donc toujours en contact, même quand on est au pays. Avec les autres joueurs africains, on s’écrit parfois, mais ce n’est pas toujours facile. On communique et on s’encourage, parce que c’est important. La vie, ce n’est pas que le foot. On se voit quand on a le temps. On est comme une famille. »Quel regard portez-vous sur le parcours de Simon Deli, qui était parti du Sparta sans avoir percé ? La saison dernière, il a été un des tout meilleurs défenseurs du championnat tchèque avec le Slavia.
« Je suis très heureux, car ça n’a pas été facile pour lui de s’imposer. Il a connu la galère. Il est resté cinq ou six mois sans jouer, mais il est revenu. Ce n’est pas donné à tout le monde, mais Simon est très costaud. Il a un mental de guerrier. Ce n’est pas le hasard, il a beaucoup travaillé et je le lui répète souvent. Il y a la baraka de Dieu, mais Simon mérite ce qui lui arrive. J’espère qu’il sera encore meilleur cette saison. Bon, sauf contre le Sparta… »
Rêvez-vous de jouer ensemble en sélection ivoirienne pour les Eléphants ?
« Pourquoi pas ? Nous avons commencé au pays quand nous étions tout petits. Partir en Europe pour ensuite se retrouver en sélection… Ce serait une grande fierté ! Il y a la CAN qui se profile (la Coupe d’Afrique des nations sera disputée au Gabon du 21 janvier au 12 février prochain, ndlr) et on espère la disputer ensemble pour donner le maximum à notre pays. Mais ce n’est encore qu’un rêve. On est partis de rien du tout : on jouait et tapait dans le ballon dans le quartier, et aujourd’hui nous voilà en Europe. Alors, aller en équipe nationale… C’est génial, fantastique. »
Le fait de jouer en République tchèque dans un championnat peu exposé et peu suivi à l’étranger vous complique-t-il les choses par rapport à l’équipe nationale ?« Oui, c’est vrai. Ici, tu sais que tant que tu ne joues pas au moins la Ligue Europa, c’est difficile. C’est sûr que ce n’est pas le championnat allemand ou français. Mais l’essentiel reste le travail, le talent et la ‘baraka de Dieu’. C’est aussi un élément qui va peser dans ma décision concernant mon avenir. »