Etude : où en est la nature à l’état sauvage en République tchèque ?

Chřiby, photo: Johana Drlíková, CC BY-SA 3.0 Unported

Cinq nouveaux territoires où la nature est laissée à l’état sauvage pourraient être créés en République tchèque. C’est du moins ce que propose un rapport réalisé par l’association Hnutí Duha. Les écologistes entendent ainsi ouvrir le débat sur une éventuelle introduction d’un nouveau type de protection de la nature qui permettrait le développement des écosystèmes sans intervention humaine.

Eliška Vozníková,  photo: Site officiel du projet Česká divočina
Bien qu’on désigne parfois la République tchèque comme un pays de forêts profondes, seule 0,3 % de son territoire est laissé à l’état sauvage. L’organisation écologiste Hnutí Duha souhaite augmenter ce pourcentage pour arriver à 3 %. C’est dans le cadre de ces efforts qu’elle a fait élaborer une analyse présentant cinq nouvelles zones, d’une surface totale de plus de 1000 hectares, qui pourraient prochainement devenir de vrais havres pour une nature laissée vierge et intacte par l’homme. Radio Prague s’est entretenue avec Eliška Vozníková, directrice du programme « Nature » de Hnutí Duha :

« Cette étude était censée examiner l’état de la nature à l’état sauvage sur l’ensemble de la République tchèque. Les cinq endroits sur lesquels nous insistons dans ce document ne représentent qu’un choix restreint. Nous n’avons donc pas voulu présenter seulement ces cinq endroits, nous avons voulu avant tout montrer que le potentiel de la République tchèque dans le domaine du développement spontané de la nature est beaucoup plus grand. »

Makyta,  photo: Be Skála,  CC BY-SA 3.0 Unported
Au début du projet, les experts ont évalué près de 270 endroits. Ils en ont finalement retenu cinq. Il s’agit plus précisément des localités de Makyta dans les monts Beskides et de Litovelské luhy dans la région de Litovelské Pomoraví, les deux étant situées en Moravie du nord, de Jezeří dans les monts Krušné hory, à la frontière avec l’Allemagne, de Salaš dans les montagnes de Chřiby, dans le sud-est du pays, et des alentours de la source de la rivière Odra à l’est de la Moravie. Tous ces lieux se distinguent notamment du fait qu’elles abritent des espèces animales et végétales rares. Eliška Vozníková présente les principaux critères de sélection de ces localités :

Litovelské luhy,  photo: Dr. Killer,  CC BY-SA 3.0 Unported
« Nous avons examiné notamment si la forêt est capable de se développer de manière naturelle. C’est-à-dire qu’il y a de nombreux endroits où la forêt est formée par la monoculture d’épicéa qui n’est pas originelle. Nous avons donc évité ce type de forêts et nous avons préféré des forêts mixtes qui pourraient, d’ici quelques années, être autosuffisantes, c’est-à-dire fonctionner sans intervention humaine, et dans lesquelles une dynamique naturelle pourrait renaître. Quant aux autres critères, nous avons observé par exemple la densité de peuplement de la localité en question ou son besoin ou non d’une intervention humaine. »

Chřiby,  photo: Johana Drlíková,  CC BY-SA 3.0 Unported
Publiée la semaine dernière, cette étude devrait, dixit ses auteurs, faire réfléchir les représentants de l’Etat sur l’introduction dans la législation d’un nouveau type de protection de la nature dans le pays. Outre les zones conservées en raison de la protection des espèces ou des milieux naturels, Hnutí Duha veut ainsi mettre en place un troisième type, la conservation des processus naturels, un terme déjà connu dans la plupart des pays occidentaux. Bien que le ministère considère cette analyse comme précoce, Eliška Vozníková explique :

« Le ministère de l’Environnement s’est lui-même engagé, dans la stratégie pour la protection de la biodiversité, à réaliser d’ici 2017 une analyse des localités en République tchèque qui pourraient être laissées en développement spontané. Nous allons donc un peu plus rapidement mais tout en veillant à ce que ces démarches soient compatibles et qu’on puisse en discuter aussi avec le public. Nous ouvrons donc ce débat à l’aide de cette analyse spécialisée et aussi grâce à un guide intitulé ‘A la découverte des îlots de la nature sauvage tchèque’, qui est destiné à un public large et qui invite à visiter ces cinq lieux proposés. Nous voulons donc tout simplement lancer un débat. Nous ne disons donc pas que ces cinq lieux doivent réellement être réservés au développement de la nature à l’état sauvage. Mais il est nécessaire de commencer à en discuter. »

Photo: Štěpánka Budková
Selon une étude effectuée l’année dernière par l’Université Masaryk de Brno, 71 % de Tchèques souhaitent protéger la nature davantage. De plus, jusqu’à quatre millions personnes vivant dans ce pays d’un peu plus de dix millions d’habitants se rendent dans la nature chaque semaine. Les écologistes espèrent donc que la popularisation du sujet pourrait aider à rétablir en République tchèque au moins quelques forêts vierges pour permettre aux gens de mieux comprendre comment fonctionne la nature.