Euro 2016 : aïe-aïe-aïe, ouille… Iniesta a fait mal aux Tchèques
Il n’y a pas eu de surprise. La République tchèque a été logiquement battue par l’Espagne (0-1) pour son premier match de groupe à l’Euro 2016 de football, lundi, à Toulouse. Ultradominée pendant l’essentiel de la rencontre et souvent réduite à parer au plus pressé, la Reprezentace a néanmoins longtemps cru pouvoir décrocher un précieux point en préservant sa cage inviolée. Mais une ultime inspiration d’Andrés Iniesta et un but de la tête de Gerard Piqué à la 87e minute ont finalement eu raison de la résistance des hommes de Pavel Vrba et d’un Petr Čech qui semblait pourtant imbattable.
A quelques minutes près, si Petr Čech et ses partenaires avaient tenu jusqu’au coup de sifflet final ce qui aurait été le premier 0-0 de cet Euro, peut-être aurions-nous vu les choses sous un angle différent. Peut-être affirmerions-nous, comme dans le jargon, que c’est un bon point de pris. Peut-être pousserions-nous même le bouchon jusqu’à prétendre que la République tchèque, avec une once supplémentaire encore de réussite, aurait pu l’emporter. Après tout, sans un sauvetage devant sa ligne de Cesc Fabregas en milieu de seconde période, Theodor Gebre Selassie ou Pavel Kadeřábek aurait ouvert le score et qui sait quelle aurait alors été la suite de la partie.
D’accord, il ne s’agit là que de fabulation et très certainement aurait-il fallu que ce lundi 13 septembre soit un jour béni des dieux pour qu’il en soit ainsi. Mais cela n’aurait pas non plus été le casse du siècle, n’exagérons rien. L’histoire du football abonde de matchs à l’issue plus improbable que ne l’aurait été une victoire tchèque contre l’Espagne.
Au lieu de cela, c’est avec des regrets que la « Repre » est repartie du Stadium. Le regret d’abord de quitter les lieux les mains vides après avoir touché du doigt un partage des points presque inespéré. C’est ce qu’a expliqué Petr Čech au micro de Radio Prague :
« Malheureusement pour nous, cette équipe d’Espagne est magnifique. Elle possède beaucoup de talent et de créativité. Ses joueurs sont très forts pour trouver des ouvertures et se créer des occasions. De notre côté, nous avons bien défendu et fait preuve de solidarité. Nous étions bien en place jusqu’à ce qu’une action individuelle et une passe parfaite d’Iniesta fassent la différence. »Que leurs regrets soient légitimes ou pas, là n’est pas tellement la question. La réalité est que, à force de subir et de reculer avec deux lignes défensives placées très bas devant leur surface, les Tchèques ont fini par craquer. Cruellement, certes, compte tenu du moment de la partie, mais logiquement au vu de la physionomie de celle-ci, et ce même si Vladimír Darida aurait pu égaliser dans le temps additionnel sans un bel arrêt de David De Gea. Face à une Espagne dont le mérite aura été de ne jamais s’impatienter malgré une domination longtemps stérile, l’équipe mise en place par Pavel Vrba a été confrontée à ses limites techniques. Trop esseulé dans l’entrejeu malgré sa bonne volonté, le capitaine Tomáš Rosický s’est mis au diapason de ses coéquipiers pour défendre et courir après un ballon dont il était désespérément privé (près de 70 % de possession de balle espagnole sur l’ensemble des quatre-vingt-dix minutes).
Quant à Petr Čech, il a été l’auteur de plusieurs parades décisives qui ont maintenu son équipe à flot, notamment en première mi-temps. Le portier tchèque aurait sans doute même été l’homme du match s’il ne s’était donc incliné alors qu’il ne restait plus que trois minutes dans le temps réglementaire. Impuissant face à un Gérard Piqué esseulé à ses six mètres à la reprise d’une merveille de centre d’Iniesta, bien élu, lui, homme du match, Petr Čech ne baisse cependant pas les bras pour la suite de la compétition. Ce n’est pas le style de la maison :« Pour la mathématique du groupe, cela aurait été mieux de prendre un point. Mais nous restons dans la course. Il y a encore deux matchs à jouer. Si nous faisons preuve de la même solidarité qu’aujourd’hui, nous aurons plus de possibilités d’attaquer et d’avoir le ballon. De toute façon, il faudra gagner pour nous qualifier. »
Cela passera désormais d’abord par la Croatie vendredi à Saint-Etienne. Un adversaire vainqueur de son premier match (1-0 contre la Turquie dimanche à Paris) qui ne sera pas forcément beaucoup plus simple à manœuvrer que l’Espagne, mais contre lequel les Tchèques attaqueront un peu plus, le sélectionneur Pavel Vrba l’a déjà promis. Car sur la base de l’expérience de leurs devanciers en 1996 et 2012, qualifiés après une entame ratée (défaites 0-2 et 1-4 respectivement contre l’Allemagne et la Russie), ils savent bien qu’un revers d’entrée dans une phase finale d’un Euro ne signifie pas encore la fin des haricots. Et ce d’autant moins lorsque ce revers est concédé dans la ville du cassoulet.