Les Ukrainiens tchèques fêtent leur première année dans leur pays d’origine

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Cette semaine, un an s’est écoulé depuis l’arrivée d’un premier groupe de 46 Ukrainiens d’origine tchèque à Prague. Partis de Novhorodkivka, une ville du sud-est de l’Ukraine, ces hommes et ces femmes ont décidé de quitter ce qui était leur foyer en raison du conflit qui déstabilise leur pays depuis plus de deux ans maintenant. Au total, quelque 250 Ukrainiens d’origine tchèque ont été rapatriés en 2015, dans le cadre d’un projet mis sur pied par le gouvernement tchèque.

Čechohrad | Photo: Filip Jandourek,  ČRo
La ville de Novhorodkivka, précédemment connue sous le nom de Čechohrad, a été fondée par des émigrés tchèques au XIXe siècle. Aujourd’hui, elle se trouve à seulement 200 kilomètres de la zone de combats. C’est la raison pour laquelle le gouvernement tchèque a autorisé, suite à de nombreuses demandes, un programme de rapatriement des Ukrainiens d’origine tchèque menacés par la guerre. Le premier groupe est arrivé à Prague, après quarante heures de voyage en autocar, le 3 mars 2015. Parmi eux, Naděžda Ivanova, née Samková, qui s’est installée avec sa famille dans la ville de Tachov. Un an après son arrivée, elle évoque ces sentiments :

« Nous sommes allés à Tachov, car j’y avais une cousine. C’est calme ici. Je me suis déjà déshabituée de la situation là-bas. Quand je suis arrivée en République tchèque, j’avais peur des avions, comme ils volaient chez nous tout le temps… »

Un deuxième groupe d’environ 35 personnes a été rapatrié à bord d’un avion du gouvernement tchèque à peine deux semaines plus tard, le 15 mars 2015. Selon Hana Malá du service de communication du ministère de l’Intérieur, la République tchèque a ainsi délivré, en 2015, un permis de séjour permanent, dans le cadre d’une procédure accélérée, à 257 Ukrainiens en tout ayant justifié leur origine tchèque.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Si la génération précédente parlait tchèque couramment, la connaissance de cette langue tend petit à petit à disparaître chez les jeunes. Afin de permettre l’assimilation de ces nouveaux venus, le gouvernement leur a ainsi proposé de bénéficier, pendant une période de six mois, d’un logement gratuit dans un bâtiment propriété du ministère de l’Intérieur à Červená nad Vltavou, dans la région de Písek (Bohême du Sud), ainsi que d’une aide financière, de nourriture ou encore de cours de langue. Entre-temps, ils ont été invités à trouver un emploi et un logement. Après cette première année, le projet s’avère réussi, selon Hana Malá, car les arrivants font preuve de leur motivation et s’intègrent avec succès dans la société. C’est ce que confirme également Věra Doušová, qui aide les Ukrainiens d’origine tchèque depuis les années 1990 :

« Pendant tout ce temps, ils n’ont jamais demandé de prestations chômage parce qu’ils ne voulaient pas être au chômage. Ils ont accepté un travail alimentaire, en attendant d’avoir surmonté la barrière de la langue. »

Věra Doušová,  photo: ČT
Le programme de rapatriement des étrangers d’origine tchèque, pour lequel le gouvernement avait débloqué, en janvier 2015, 66 millions de couronnes (2,4 millions d’euros), ne va néanmoins pas sans lot de controverses. Si après de longs mois d’hésitations, les autorités tchèques ont d’abord promis d’accueillir tous les Ukrainiens d’origine tchèque grâce à une procédure accélérée, elles ont dû vite faire face à plus d’un millier de sollicitations. En automne dernier, de nombreux candidats au départ ont finalement reçu une lettre leur annonçant le refus de leurs demandes car n’habitant pas dans des régions menacées directement par la guerre.

Néanmoins, selon le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, le projet de rapatriement des Ukrainiens d’origine tchèque continuera encore en 2016, où le gouvernement entend accueillir environ 250 personnes. Au total, près de la moitié des candidats pourrait donc enfin obtenir un permis de séjour permanent en République tchèque.