Levée des sanctions en Iran : les entreprises tchèques sur le pont
C’est à la tête d’une délégation forte d’une soixantaine de représentants d’entreprises tchèques que le ministre de l’Industrie et du Commerce Jan Mládek effectue depuis vendredi une visite de quatre jours en Iran. Cela tombe bien, c’est également ce week-end que l’accord sur le nucléaire iranien est entré en vigueur, ouvrant la voie à une levée progressive des sanctions économiques affectant Téhéran et par là même à une ribambelle d’opportunités pour les sociétés tchèques.
« A dire vrai, nous n’avons pas attendu l’annonce formelle de la levée des sanctions. Il y a déjà quelques temps, le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek a effectué un voyage en Iran avec une mission économique tchèque. Le ministre de l’Industrie Jan Mládek s’y trouve actuellement. Donc nous n’attendons pas une minute, nous travaillons et allons travailler à nos relations avec l’Iran. Il est intéressant de rappeler que la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres avait déjà des relations avec l’Iran, donc il y a là une forte tradition. La Tchéquie a une bonne réputation et je pense que nous avons toute une série de produits qui pourraient rencontre le succès sur le marché iranien. »
C’est dans cet esprit que Jan Mládek a signé à Téhéran un accord de coopération économique avec le ministre de l’Economie Ali Tayebnia. Le social-démocrate explique que la Tchéquie ne peut directement exporter des biens comme des tramways, il faut pouvoir les produire dans la région voire sur place : cet accord doit faciliter ce type de démarches. A Téhéran, où d’autres textes ont été signés entre représentants d’entreprises des deux pays, Jan Mládek a également inauguré une antenne de l’agence CzechTrade, laquelle doit contribuer à favoriser investissements et échanges tchéco-iraniens. L’argument de vente du ministre est bien rôdé :« Ce que je dis ici à mes partenaires, c’est que nous proposons tout simplement la qualité allemande à un prix plus acceptable. C’est un discours qu’ils comprennent bien. L’Iran est engagé dans différents conflits et nous souhaitons développer notre coopération sur d’autres bases, sur les bases d’un respect mutuel, sur le fait que nous ne voulons pas leur faire la leçon en même temps que nous ne voulons pas qu’ils nous la fassent. Nous pouvons coopérer de façon pragmatique. »
Hana Hikelová, de la Société d’assurance et de garantie des exportations (EGAP), détaille les secteurs où les sociétés tchèques peuvent proposer leurs services :
« 56 entreprises tchèques sont déjà actives directement en Iran bien qu’une seule y dispose d’une représentation permanente. Mais il y a un énorme intérêt pour renouer avec des activités qui ont existé par le passé : la modernisation d’usines sucrières, l’industrie du textile et bien sûr l’industrie pétrolière ou la mécanique. Il faut mentionner le renom des verriers tchèques. Il y aussi un intérêt pour l’industrie des transports, pas seulement avec les tracteurs Zetor, mais aussi avec les tramways, les trolleybus, les automobiles : ce sont autant d’opportunités sur le marché iranien. »Hana Hikelová fait référence à la signature durant la visite de M. Mládek d’un contrat avec la société Zetor, basée à Brno, portant sur la livraison à l’Iran de 250 tracteurs pour un montant de près de 3,7 millions d'euros (un contrat dont il est question dans la rubrique Economie-Commerce du jour). Par ailleurs, la levée des sanctions pourrait avoir une autre conséquence selon le chef du gouvernement Sobotka puisque la République tchèque et les pays européens vont pouvoir diversifier leur approvisionnement en pétrole et en gaz naturel.