Le Vendredi saint, nouveau jour férié en République tchèque

Photo Jana Šustová, ČRo

Les Tchèques auront un jour férié supplémentaire à compter de 2016. Après la Chambre des députés en octobre, le Sénat a adopté à son tour, mercredi, le projet de loi faisant du Vendredi saint un jour férié. Présentée par les chrétiens-démocrates, le plus petit des trois partis composant la coalition gouvernementale, la chose ne fait cependant pas forcément l’unanimité.

Photo Jana Šustová,  ČRo
Jusqu’à présent, la République tchèque faisait un peu figure d’exception en Europe centrale. En effet, le Vendredi saint est déjà un jour férié dans trois de ses quatre pays voisins : l’Allemagne, l’Autriche et la Slovaquie. En revanche, ce qui peut sembler être un paradoxe, il ne l’est pas dans la Pologne pourtant toujours très catholique. Si le président de la République appose sa signature en bas du texte de loi, ce qui ne devrait plus être qu’une simple formalité tant on imagine mal Miloš Zeman aller à l’encontre de ce que 60% des Tchèques affirment souhaiter, le Vendredi saint sera donc férié également en République tchèque dès l’année prochaine. Il s’agira du treizième jour chômé dans le calendrier, une nouveauté qui ne plaît pas à tout le monde, et pas seulement aux employeurs, mais aussi par exemple au ministre social-démocrate en charge des droits de l’homme et député Jiři Dienstbier :

Jiři Dienstbier,  photo: ČTK
« L’Etat est fondé sur des valeurs démocratiques et il ne peut pas se lier à une idéologie exclusive pas plus qu’à une confession religieuse. Et nous sommes là à débattre si le Vendredi saint doit être un jour férié ou pas alors que, si je m’en tiens aux statistiques, environ 70% des Tchèques ne se réclament d’aucune confession concrète. »

Le Vendredi saint jour de repos en République tchèque, ce n’est cependant pas tout à fait une nouveauté. Ce jour qui précède le dimanche de Pâques, et qui est férié dans presque tous les pays de tradition protestante, l’était également en Tchécoslovaquie jusqu’en 1951, lorsqu’il a été supprimé par le régime communiste.

Jiří Mihola,  photo: Jiří Novák
Aujourd’hui, les chrétiens-démocrates estiment qu’il est important de rappeler sur quels principes et traditions la civilisation chrétienne s’est développée en Europe. Par ailleurs, en période de vacances scolaires, ce nouveau jour de repos est censé permettre aux familles de passer plus de temps ensemble. Toutefois, une majorité de Tchèques voient en cette fête chrétienne, comme pour le lundi de Pâques, d’abord un jour où ils ne seront pas tenus de se rendre au travail. Un aspect qui ne contrarie pas plus que ça le député chrétien-démocrate Jiří Mihola :

« Les fêtes de Pâques sont les plus importantes de l’année. On ne peut les ignorer. Il ne faut pas les considérer uniquement comme des fêtes religieuses, mais comme faisant partie intégrante de la culture et des traditions tchèques. En outre, elles vont de pair avec des journées de vacances pour les écoliers. Pour certains, ce sont des fêtes religieuses, pour d’autres, c’est plutôt un agréable jour de congé en plus qui permet de se retrouver en famille. »

Photo: Kristýna Maková
Selon les calculs effectués par le ministère des Finances, ce treizième jour férié aura un impact économique négatif, concrètement 0,4 point du produit intérieur brut. Mais tous les économistes ne sont pas d’accord sur ce point. Markéta Šichtařová fait partie de ceux-là, elle explique pourquoi :

« Lors des périodes de fêtes ou de week-ends prolongés, les gens consomment généralement davantage. Ils voyagent ou alors, s’ils restent chez eux, achètent par exemple des produits alimentaires plus chers qu’ils ne le font en temps normal. Et bien entendu tout cela profite à l’économie. »