Santé : les hôpitaux tchèques toujours face à la pénurie de personnel médical
Le manque de personnel médical tracasse constamment les hôpitaux tchèques. Afin de trouver une solution à la crise, les représentants de syndicats médicaux se sont réunis ce mercredi à Prague pour discuter avec plusieurs membres du gouvernement. Ils demandent désormais l’amélioration des conditions de travail, ainsi qu’une importante augmentation des salaires.
« Malheureusement, la situation devient pire chaque mois dans toute la République tchèque et le personnel infirmier manque de plus en plus. On a commencé par la réduction partielle de certains services. Mais aujourd’hui, on doit faire face à leur suppression complète. Il s’agit notamment des hôpitaux régionaux mais nous constatons le même phénomène également dans de grands hôpitaux universitaires. Et il est très probable que cette tendance va aller en s’aggravant. »
Selon les syndicats, ce manque de personnel est dû notamment à un salaire de base largement sous-évalué, montant chez un médecin à 32 000 couronnes (un peu plus de 1180 euros) et chez une infirmière à moins de 20 000 couronnes (740 euros). Le président de l’organisation syndicale de l’Association des médecins tchèques, Martin Engel précise que même la hausse des salaires de 5% qui est prévue pour 2016, ne suffira pas à motiver les employés à continuer dans leur travail :
« Nous avons tiré la sonnette d’alarme depuis quelques années déjà. Vous vous souviendrez certainement qu’en 2010, nous avions constaté que la situation des soins médicaux était mauvaise. Depuis, quelque huit salons du travail se sont tenus en République tchèque, le dernier se aura lieu la semaine prochaine. On y propose plus de 500 postes dans des hôpitaux allemands et autrichiens, pour les médecins, tout comme pour le reste du personnel médical. Dans le même temps en Slovaquie, les salaires des infirmières vont augmenter jusqu’à 300 euros à partir du 1er janvier prochain. »Ce problème se manifeste largement notamment dans les hôpitaux des régions frontalières, tels que par exemple l’hôpital de Třinec qui emploie parmi ses infirmières un nombre élevé de Slovaques. Avec un salaire qui monte à peine à 16 000 couronnes (592 euro), l’hôpital craint maintenant un possible retour de ces employées dans leur pays d’origine.
Lors de la réunion de mercredi, un débat passionné a eu lieu également parmi les représentants de l’Etat. Tandis que le premier ministre, Bohuslav Sobotka a évoqué la nécessité de consacrer plus d’argent au secteur des soins médicaux et d’augmenter rapidement les salaires pour empêcher le possible départ des employés dans le secteur privé, le ministre des Finances, Andrej Babiš a souligné que la non-efficacité du travail dans le domaine de la santé n’était pas seulement due à son sous-financement :
« La triste réalité est que les jeunes médecins font souvent des tâches administratives au lieu de soigner les patients. De plus, leur formation de troisième cycle consiste en des stages insensés qui les éloignent davantage de la pratique de la médecine. »Andrej Babiš a poursuivi en indiquant que les moyens accordés au ministère de la Santé ne sont pas efficacement utilisés et que le ministère devrait chercher de l’argent avant tout dans ses propres fonds. Cette affirmation est néanmoins contrée par le ministre de la Santé Svatopluk Němeček, ainsi que par le syndicaliste Martin Engel :
« Nos soins médicaux offrent des services comparables à ceux des pays voisins de l’ouest, donc l’Autriche et l’Allemagne, et cela même si les finances accordées à notre système sont nettement moins élevées. On parle toujours d’augmenter l’efficacité et je ne sais pas de quoi encore. Mais je pense, que personne ne travaille autant que nos infirmiers et nos médecins, à l’ouest de nos frontières. »
Le ministère de la Santé a promis une hausse radicale des salaires déjà en 2011. Iva Řezníčková explique néanmoins que les hôpitaux ne disposent actuellement pas de moyens suffisants même pour la hausse des salaires prévue de 5%. Tout comme Martin Engel, elle confirme que la situation pourrait s’améliorer avec l’augmentation du montant de l’assurance maladie des personnes « prises en charge par l’Etat », c’est-à-dire des enfants mineurs, des étudiants de moins de 26 ans et des retraités dont l’assurance maladie est en République tchèque payée par l’Etat. Le ministre de la Santé affirme d’ailleurs qu’un tel projet est en préparation pour l’année prochaine.