Après la mort de Nabire à Dvůr Králové, plus que quatre rhinocéros blancs du nord encore en vie dans le monde
Lundi soir, une femelle rhinocéros blanc du nord, nommée Nabire, est morte au zoo de Dvůr Králové, en Bohême de l’Est. Un vrai coup dur pour cette espèce en voie d’extinction, puisqu’il ne reste désormais plus que quatre représentants de cette sous-espèce des rhinocéros blancs sur la planète.
La mort de Nabire représente donc un pas en avant vers la disparition totale de cette sous-espèce du rhinocéros blanc de la surface de la terre. Jusqu’à présent, c’est grâce au zoo de Dvůr Králové que ses derniers représentants, menacés par l’homme, ont pu voir le jour. En effet, ce jardin zoologique est le seul dans le monde à avoir réussi la reproduction en captivité du rhinocéros blanc du nord qui n’existe plus à l’état sauvage depuis la fin des années 2000.
En cause, comme souvent lorsque disparaissent de nombreuses espèces rares en Afrique, le braconnage. D’ailleurs, le dentiste américain qui a récemment tué Cecil, le lion vedette du Zimbawe, suscitant l’indignation dans le monde entier, se présente comme le détenteur du record du monde de chasse à l’arc pour un rhinocéros blanc. Un triste trophée affiché sur internet par un chasseur sans scrupules.
Originaires de l’Afrique de l’Est, ces animaux ont été littéralement décimés par les braconniers pour les prétendues vertus aphrodisiaques attribuées à leur corne, très prisée dans la pharmacopée asiatique. Alors qu’il ne reste plus que quatre rhinocéros blancs du nord au monde, quelles sont les chances de survie de l’espèce ? Přemysl Rabas, le directeur du zoo de Dvůr Králové n’est pas très optimiste :« Les chances sont très faibles. Mais nous avons une responsabilité vis-à-vis de ces animaux, nous avons le devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir en ayant recours à la génétique et aux techniques de la reproduction assistée, pour essayer de les sauver. En Afrique, se trouvent encore deux de nos femelles qui sont des donneurs potentiels d’ovaires. Nous devons apprendre à prélever ces ovaires chez une autre sous-espèce, les laisser mûrir hors du corps de l’animal, les féconder et les ensuite les implanter dans le corps d’une autre femelle qui serait la mère porteuse. Si cette expérience est fructueuse, nous pourrons faire de même avec le rhinocéros blanc du nord. »
Mais les chances restent réduites, en raison de l’âge avancé de certains de ces rhinocéros, comme le détaille encore Přemysl Rabas :
« L’une de nos femelles se trouve à San Diego, et elle est aussi très âgée. Donc il n’y a aucune chance de reproduction de ce côté-là. Sudan, notre mâle, est le seul qui est né à l’état sauvage. Il se trouve dans la réserve d’Ol Pejeta au Kenya, avec deux autres femelles. Il est aussi très âgé, donc ce n’est plus qu’une question de temps. La mère et la fille, Fatu et Najin, sont en assez bonne santé pour pouvoir encore fournir des ovaires. Mais cela reste une course contre la montre. En tant que zoo, nous avons aidé ces animaux à rester un peu longtemps sur cette planète. Si le zoo de Dvůr Králové n’avait pas réussi à faire reproduire cet animal, il aurait déjà disparu. Maintenant, la question est de savoir si nous parviendrons à profiter du temps qui nous est imparti. »Les trois rhinocéros du Kenya y avaient été transférés depuis Dvůr Králové en 2009, dans le cadre d’un projet de la dernière chance. A l’époque, les éleveurs et soigneurs espéraient que le niveau des hormones femelles redeviendrait normal dans leur milieu d’origine, permettant à ces animaux de se reproduire à nouveau de manière naturelle. Espoir vain qui ne laisse plus donc à ces rhinocéros blancs du nord que la science comme ultime chance de survie.