Les licenciements à la Galerie nationale posent la question de son proche avenir
Trois des cinq chefs des Collections de la Galerie nationale ont été démis de leurs fonctions par le nouveau directeur général de celle-ci. Même si une restructuration était évoquée depuis l’arrivée de Jiří Fajt à la tête de l’institution en juillet dernier, ces licenciements brusques, décidés sans l’organisation préalable de concours pour l’attribution des postes, n’ont pas laissé de surprendre et de soulever quelques émois.
« Je ne m’attendais pas à être limogé, même si la forme est tout à fait légitime. Je vois là une intention de nous licencier purement et simplement. La direction de la Galerie nationale nous a annoncé qu’elle ne possédait plus de postes spécialisés pour nous. D’ordinaire, certaines façons de faire, comme la formulation de reproches, précèdent un tel renvoi. Or, cela n’a pas été le cas. Au contraire, mon travail était évalué positivement. »
Le directeur de la Galerie nationale justifie sa décision en affirmant qu’il avait été convenu de celle-ci avec Vít Vlnas et Helena Musilová, directrice des Collections d’art moderne et contemporain, peu après son arrivée. Troisième concernée, Šárka Leubnerová avait la possibilité de poursuivre sa carrière à la Galerie nationale avec d’autres responsabilités. C’est donc elle qui aurait préféré démissionner. Une argumentation que réfute cependant Vít Vlnas :« Nous aurions compris cette décision si elle était intervenue dans le cadre du plan de réorganisation générale qui était prévu et qui devait permettre la formation d’un nouveau système de direction. J’ai même dit à Jiří Fajt que, si tel était le cas, je ne participerais pas au concours pour la place de curateur. »
Licenciée elle aussi comme Vít Vlnas, Helena Musilová confirme la version de son ancien collègue et compare le licenciement à « une liquidation professionnelle » en bonne et due forme de spécialistes expérimentés qui travaillaient pour la Galerie nationale depuis plusieurs années déjà :
« Nous respectons absolument le droit qui est celui du directeur général de constituer sa propre équipe de collaborateurs. Néanmoins, j’ai été très surprise par le licenciement complet de la Galerie nationale notamment parce que les projets dont je m’occupe ne sont pas encore achevés. »Pour les trois intéressés, c’est donc avant tout la manière dont ils ont été licenciés qui les gêne. Dans leur déclaration officielle, tous les trois critiquent d’une seule voix Jiří Fajt pour n’avoir consulté le Conseil scientifique de la Galerie nationale pas plus que le public spécialisé, représenté par la Société tchèque d’art et d’histoire. Pour autant, Milena Bartlová, professeur d’histoire de l’art à l’Université Charles de Prague et membre de la commission qui a élu Jiří Fajt à la direction de la Galerie nationale, considère que ces changements étaient nécessaires :
« Je ne peux pas imaginer que la direction actuelle de la Galerie nationale puisse coopérer avec les membres de la direction précédente. Et ce d’autant moins que la direction précédente était opposée à l’élection de Jiří Fajt. Je suis vraiment surprise que les trois intéressés en aient fait une affaire publique. »Fort de ce soutien, le directeur général confirme qu’il lui était impossible de travailler avec ses prédécesseurs, selon lui « responsables de la situation actuelle pénible de la galerie ». Lors du concours qui devrait se tenir début 2015, Jiří Fajt entend constituer une équipe plus cohérente avec une participation internationale, et promet que ces changements contribueront au renouveau d’une galerie plus ouverte et attractive.